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Isabelle
Dans le cadre de mes activités professionnelles je suis parfois emmené à me déplacer. Nous sommes en juin 2014. Je dois me rendre à Bordeaux en Gironde. Je ne connais pas cette ville. Je décide d’en savoir un peu plus avant mon départ. J’envisage d’y passer quatre jours. Avec une approche ludique. Une idée de vacances. Je consulte Google, je lis des articles et je regarde des vidéos.
A cet effet, sans trop y croire, je passe une annonce sur quelques sites divers. Je précise que je cherche une « Guide » afin de me faire découvrir Bordeaux et ses environs immédiats. Les jours suivants je n’y pense plus du tout. Pourtant j’ai rapidement plusieurs contacts. Pour la plupart d’entre elles ces réponses émanent de « professionnelles » ou autres « escort-girls » occasionnelles. Ce qui ne m’intéresse évidemment pas. De plus, en découvrant les prix pratiqués, je peux rester à Bordeaux huit jours de plus !
Quelques jours avant mon départ je reçois une réponse désintéressée. C’est une étudiante de vingt deux ans. Cette dernière prépare un BTS tourisme. La jeune fille me propose ses services. Elle désire me faire découvrir Bordeaux. La lettre de motivation et le curriculum vitae joints sont éloquents. Leurs authenticités laisse augurer du plus grand sérieux de la réponse. Nous entrons en contact par courriels successifs.
J’arrive à la gare Saint Jean en ce lundi matin de juin. Un soleil magnifique et un ciel bleu me mettent immédiatement dans d’excellentes conditions. Un mental à toutes épreuves. Sur le quai 2 la jeune fille est là. Vêtue d’un pantalon beige et d’un T-shirt blanc, chaussée de baskets, la jeune fille m’identifie grâce à la description que je lui ai donné. Elle se présente. Je fais de même. Je l’invite à prendre une boisson au buffet de la gare. Ce lieu est convivial. Ce qui est plutôt rare pour une gare. Toute la ville respire d’ailleurs cette quiétude.
Nous bavardons longuement. Isabelle me parle de ses études. La jeune fille a quitté la faculté de médecine pour s’orienter dans le secteur touristique. Ce BTS tourisme qu’elle prépare est beaucoup plus en adéquation avec ses attentes d’une vie professionnelle épanouie. Je lui parle de ma situation professionnelle et de ma raison d’être ici, à Bordeaux. Isabelle m’écoute avec une grande attention. Pour elle, le milieu artistique reste un concept plutôt nébuleux. Abstrait.
Avant mon départ, j’ai réservé un véhicule de location chez un loueur de voitures. Une petite automobile. J’assure ainsi mes déplacements dans la ville. Cela me permet une totale indépendance pour ces quatre jours de présence ici. Isabelle m’accompagne dans les locaux de l’agence. Le loueur se situe tout prêt de la gare. A quelques centaines de mètres à peine.
Comme convenu par courriels, j’assure les repas de midi et du soir. Lorsque je prends possession du véhicule, d’un rouge affreux et criard, la jeune fille m’invite à parcourir les environs immédiats de la ville. Nous parcourons les petites routes de la campagne Girondine. La proximité de Bordeaux est enchanteresse. En cette saison tout est magnifiquement vert. Il est bientôt 13 heures. Il commence à faire chaud. Je propose de nous rafraîchir dans un restaurant. Avant un bon repas.
Je compte entièrement sur la jeune fille. Isabelle connaît quelques établissements très accueillants. La jeune fille me guide avec précision. Nous arrivons à proximité d’un lac. Je longe le chemin. Là, à proximité d’un étang, dans un écrin de verdure de toute beauté, il y a une belle bâtisse. Quelques voitures sont garées sur le parking. Je fais part de mon enchantement à la jeune fille. Cette dernière paraît ravie de mon sentiment.
Isabelle me propose de me faire visiter le Centre ville cet après-midi. De 15 heures jusqu’en soirée . Son activité de guide s’arrête comme convenu à 21 heures. Nous commandons un délicieux repas. Le fameux Gratton de Lormont, spécialité Bordelaise. Nous savourons en bavardant. Isabelle est une jeune fille plutôt réservée. Elle semble toutefois s’amuser de nos échanges. La conversation glisse vers des propos « légers ». Je n’ai pas mon pareil pour orienter les échanges. Les propos flirtent alors allégrement vers des tendances graveleuses. Nous rions de bon cœur.
Nous reprenons la voiture pour retourner en direction de Bordeaux. Je gare la voiture dans le parking Victor Hugo. De là nous marchons jusqu’à la place des Quinconces. Isabelle connaît bien la ville. Au fur et à mesure de notre promenade la jeune fille est généreuse en anecdotes. Quelques détails historiques sur tel ou tel monument, ou rue, abondent pour mon plus grand plaisir.
Il fait très chaud. Je propose à ma guide de déguster une bonne glace à l’une des nombreuses terrasses de cafés. Ces terrasses qui invitent au flegme et à la paresse sous la chaleur du soleil. Isabelle est de plus en plus à l’aise. Parfaitement détendue. J’apprécie ses explications, ses descriptions et ses connaissances historiques. Elle semble apprécier mon érudition dans le domaines des arts.
Après cet intermède rafraîchissant Isabelle m’emmène visiter le Parc Floral. C’est une merveilleuse découverte. Il y a là un éventail coloré et végétal de toute beauté. Les plus belles fleurs sont cultivées en cet endroit magnifique. J’apprécie tout particulièrement la vaste collection d’orchidées. Plus belles les unes que les autres, ces fleurs rares et fragiles paraissent comme sublimées. J’admire toutes ces variétés de roses aux déclinaisons de couleurs les plus insolites.
Nous restons à déambuler en ce lieu jusqu’aux environs de 19 heures. Je propose à Isabelle de me faire découvrir la vieille ville. Il y a sans doute là un bon petit restaurant qui pourrait nous accueillir pour le repas du soir. Pourquoi ne pas déguster une autre spécialité de la région. Isabelle m’emmène chez Fernand. Etablissement de renom et bien connu. Notre choix se porte sur une Lamproie à la Bordelaise, noisettine au Médoc.
Le repas est succulent. Nous apprécions chaque bouchée de ce plat réellement goûteux. C’est pendant le dessert que la jeune fille a un curieux regard à mon encontre. Un regard évocateur qui lui échappe certainement à son insu. En vieux « chasseur », je sais qu’il ne faut rien tenter ce soir. J’entre dans le registre subtil du jeu d’acteur. Cela me permet de cacher mon trouble et de donner le change. Surtout, ne rien laisser paraître. Feindre…
Après le repas, je raccompagne Isabelle jusqu’à sa voiture. La jeune fille l’a garée dans une petite rue derrière le Colombarium. Nous nous fixons rendez-vous pour le lendemain matin. Devant la Cathédrale Saint André pour neuf heures. Nous nous serrons la main. Isabelle a une poignée de main franche. Sa personnalité dégage une profonde sincérité. Une harmonie, une concordance émanent à chaque instant de cette jeune personne.
Je rentre à mon hôtel. Le « City Résidence », dans le centre ville. Je gare la voiture dans le parking de l’établissement. Enfin une certaine fraîcheur vient rajouter un peu de charme à cette première soirée Bordelaise. Je décide d’aller flâner dans les rues. Je croise quantité de promeneurs. La ville compte des étudiants en grand nombre. Il est donc tout à fait normal de croiser une majorité de jeunes gens. Je rentre vers minuit. Je savoure ma douche.
Le lendemain matin, pour neuf heures précises, Isabelle est là. Vêtue d’une jupe rouge plissée et légère, d’un chemisier mauve, la jeune fille est chaussée d’escarpins à légers talons. Ses longs cheveux chatains flottent sur ses épaules. Le contraste avec son style de la veille est étonnant. Je le lui fais remarquer en la félicitant pour ses goûts et pour son élégance. Isabelle, légèrement confuse, me remercie d’un grand sourire.
Le soleil est haut dans le ciel. Il fait même déjà chaud. La jeune fille me propose de visiter le Musée des Beaux-Arts. Elle sait mon goût pour les arts. C’est d’ailleurs la raison de ma présence à Bordeaux. Je lui en ai longuement parlé la veille, au restaurant. Nous nous rendons dans la grande bâtisse. Le Musée n’ouvre ses portes qu’à dix heures. Isabelle me propose de visiter l’exposition temporaire dans le batiment situé juste en face.
Nous sommes seuls dans le hall. L’entrée est gratuite. Je me dirige vers l’accueil afin d’y découvrir les dépliants explicatifs. Je feuillette un document. Je regarde machinalement devant moi. Au delà du présentoir des revues, je découvre Isabelle, les cuisses légèrement écartées, accroupie, faisant tourner le présentoir. L’effet de surprise passé, je fais semblant de lire ma brochure. Je louche vers la jeune fille. J’essaie de voir au travers des reliures du présentoir. J’ai un pantalon clair. La bosse de mon érection soudaine est sans doute bien visible. Je suis un peu gêné.
En même temps que j’observe discrètement une pensée vient m’envahir subrepticement. Une interrogation. Cette position, cette situation, est-ce un acte délibéré ? Cette pensé participe de plus en plus de mon excitation naissante. Pour donner le change, j’opte pour le jeu d’acteur. Ma ruse toute masculine donne t-elle vraiment le change ? Si c’est le cas sur l’instant, cela ne durera pas devant la perspicacité féminine. En tous cas, je sais immédiatement que la journée est bien partie…
Vers dix heures nous sortons du bâtiment. Nous traversons la rue. Nous nous rendons au Musée des Beaux-Arts. Je n’ai plus vraiment la tête à l’Art. J’essaie de préserver mon rusé jeu d’acteur. Je sais parfaitement cacher mon tourment. Isabelle également. Et visiblement. J’ai la soudaine certitude que nous venons tous deux d’entrer dans un jeu délicieux. Un instant divin. Un instant partagé. Je ne le sais pas encore vraiment…
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