Le grand nettoyage.
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Comme, je l’ai déjà dit, Saint Ouen, c’est… folklorique !
Bon, pour me motiver, je m’imagine, invitée chez Laurent Ruquier pour parler de mon dernier livre… Hélas, un de ses chroniqueurs, le méchant, il y en a toujours un, se met à descendre mon livre. Pffff… Même mon imagination me joue des tours !
J’arrive devant le café… Il n’est pas très engageant. Il y a surtout des hommes.
Quand j’entre, tout le monde me regarde. Je me fraye un passage vers le bar pour demander si Monsieur Bajram est là.
Le patron me montre une table où il y a quatre hommes qui discutent.
J’y vais et je dis :
— Bonjour, excusez-moi de vous déranger, je voudrais parler à Monsieur Bajram.
Un gros homme, la cinquantaine et noir de poils, me regarde :
— C’est moi… mais, tu nous interromps pendant qu’on est en train de discuter.
Je deviens toute rouge :
— Pardon, mais…
Il me coupe,
— Sois polie et attend qu’on ait fini de parler.
Je ne peux pas dire que je raffole de me faire « gronder » en public !
L’homme qui est assis à côté de lui, se recule un peu et me montre un petit bout de baquette. Je le remercie et m’y assied un peu difficilement, vu le peu de place et le volume de mon derrière !
Ils parlent encore… pendant une bonne dizaine de minutes.
Enfin, la discussion se termine. Bajram se souvient de mon existence et se tourne vers moi.
Il n’a pas l’air commode du tout. Gros, suant, poilu… une cicatrice sur le menton et une sur le sourcil, une vraie, en zig zag.
Il me dit :
— Alors, pourquoi, nous as-tu interrompus ?
On parle au dessus de l’homme qui m’a fait une place.
— … euh… je viens de la part de Monsieur William, parce que je… cherche du travail.
— Dans le nettoyage ?
— … euh…oui…
Il n’a pas l’air de trouver très crédible qu’une fille comme moi, c’est à dire… euh… assez séduisante… ait envie de nettoyer des bureaux, plutôt que de chercher une place de vendeuse ou de serveuse.
Je lui donne l’enveloppe en disant :
— J’ai ceci pour vous.
Il l’ouvre, lit et éclate de rire, ce qui ne doit pas lui arriver souvent.
Il donne le mot aux autres qui se mettent à rire aussi.
Ben, pourquoi ??
Il me tend la feuille. Il est écrit « Cette petite suce comme une reine ! »
— Qu’est ce qui est écrit Bajram ? demande une femme qui est à deux tables de nous. Il lit tout haut :
— CETTE PETITE SUCE COMME UNE REINE.
Franc succès… comique ! Tout le monde me regarde et moi, je regarde mes pieds.
Je les fais bien rire… enfin grâce à William ! On devrait peut être monter un numéro !
Bajram me dit, bien fort :
— Bon, tu as références intéressantes. Je t’engage pour une semaine. C’est quoi ton nom ?
— Mia, Monsieur.
Alors, quoi ? Est ce que je me tire, honteuse comme… une renarde qui vient de se faire enculer par surprise et par un petit lapin ou… je fonce ?
Je n’ai pas dépensé des sommes folles pour le voyage en car, plus un sandwich, un coca, un ticket de métro… Je fonce.
— Merci, Monsieur, je travaillerai bien.
Il m’examine plus attentivement… puis il dit :
— C’est dur le nettoyage, tu es capable ?
— Oui Monsieur, je vous assure, je…
Il me coupe.
— D’accord, tu commenceras ce soir. Tu viendras à l’entrepôt avec moi.
— … euh… oui, merci Monsieur… C’est le soir ?
Il secoue la tête en prenant l’air accablé :
— Tu crois qu’on fait ça, la journée quand tous les gens sont là ?
Comme je ne sais pas quoi répondre, il dit :
— Bon, tu peux rester ici, si tu veux.
Ils recommencent à discuter dans une langue qui pourrait bien être de l’Albanais.
J’ai bientôt un boulot, alors je ne compte plus, je commande une bière et un sandwich.
Bajram regarde arriver la bière et me dit :
— Tu n’en bois qu’une, va falloir travailler dur cette nuit.
— Oui, Monsieur.
On reste encore une petite heure, puis Bajram me dit :
— On y va.
Les gens du café nous regardent partir. J’ai droit à un :
— Suce bien, petite.
Et un :
— Tu fais le nettoyage des bites ?
J’en passe et des moins classes !
Bajram a une grande camionnette. Sa raison sociale est écrite sur les côtés et à l’arrière.
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« Bajram et associés »
Nettoyages bureaux
Salles de spectacles…
Service impeccable
« À l’ancienne. »
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En dessous il y a le dessin d’une femme à genoux qui nettoie un sol, à l’aide d’une brosse. Je comprends ce que « à l’ancienne » veut dire !
On arrive à son entrepôt. Il y a des femmes qui attendent.
Des Arabes, des Blacks et les Occidentales viennent de l’Est.
***
*** Viens en au fait, mia. Les lecteurs veulent savoir comment, tu as fini par rencontrer le directeur de la maison d’éditions et s’il s’est montré intéressé.
– Oui, je sais, la Voix… mais ça a été trois jours pénibles. Tu veux bien le raconter à ma place ?
*** Mais… tu crois que je n’ai que ça à faire ?
– Steuplé… Steupléééééé…
*** Pfffff… bon, d’accord.
***
Le soir même, mia part avec trois autres filles pour nettoyer des bureaux. Hélas, il s’agit d’un autre building abritant des sociétés.
Une fille lui dit :
— Vendredi on va dans le building du cul, tu verras, c’est marrant !
Encore 3 nuits de nettoyage, pour mia.
Bajram veut que les femmes travaillent à l’ancienne, c’est à dire, à genoux.
Ça plait beaucoup aux employeurs ! Nettement moins aux filles !
En contrepartie, il paye bien.
Mia déteste faire le ménage. Pour tout dire, chez elle, une chatte ne retrouverait pas ses petits ou un capitaliste les codes secrets de ses comptes off shore…
Donc, mia a du nettoyer à genoux des kilomètres de couloirs et des mètres carrés de chiottes !
De plus, le patron a voulu vérifier ses références, « cette petite suce comme une reine ». Elle a du lui faire des fellations en rentrant, épuisée, d’une nuit de dur labeur ! Bon, à toi, mia !
Enfin, vendredi, c’est le tour des Éditions Millevertus !! Après, 3 nuits à récurer à genoux et à sucer la bite du patron, j’arrive devant le saint des saints : le bureau du directeur. Sur sa porte, il est écrit « Directeur général ».
J’ouvre la porte et je vois tout de suite le grand agenda dont m’a parlé le Black.
Oh ! Il y a un homme assis derrière un bureau…
Je bredouille :
— Pardon… Monsieur, je reviendrai plus tard.
— Non restez, vous tombez bien !
C’est un homme d’une cinquantaine d’années, bien habillé. Il n’a pas l’air content… et il le dit :
— Je ne suis content du tout de la façon dont mes bureaux en général et le mien en particulier, sont nettoyés !
Il se lève et va vers la fenêtre :
— Regardez ces traces sur les carreaux. Allons, venez voir.
Il me montre de vagues traces.
— Oui… euh…
— Et ça ?
Il passe le bout de son index sur l’appui de la fenêtre. Il est vaguement sale.
— Oui, mais…
Il me coupe à nouveau :
— Je vais me plaindre à votre patron ! Si vous avez choisi de nettoyer, faites-le bien, au moins.
Je dis très vite :
— Je ne suis là que depuis 3 jours, Monsieur.
Il m’examine :
— J’espère que vous allez mieux nettoyer que vos collègues !
— Oui, Monsieur.
C’est un maniaque ! Ce bureau est impeccable !
Il ajoute :
— J’attends un coup de téléphone. Je vous demanderai de sortir à ce moment là, mais, en attendant, mettez vous au travail et faites ça bien, pour une fois !
— Oui, Monsieur.
Comme je ne bouge pas, il dit :
— Quoi, encore ?
— … euh… Monsieur, je ne fais ça, que provisoirement…
Il hausse les épaules en disant :
— Je suppose que personne ne veut faire du nettoyage de bureaux, définitivement.
Et là, il me vient une idée ! Oui, je suis blonde, mais ça m’arrive.
— C’est… euh… mon amie… qui me punit, parce que je ne m’occupe pas assez bien du ménage. Elle m’oblige à faire ça pendant une semaine.
Une relation lesbienne avec une femme dominante qui aime la propreté, ça devrait grave lui plaire !
Il est surpris, mais pas plus souriant,
— C’est très gentil à vous de me raconter votre vie, mais ça ne m’intéresse pas, mettez-vous au travail !
Bon, je n’ai plus rien à perdre, alors, je me lance :
— Je vous dis ça… parce que… euh… c’est une coïncidence, mais j’écris.
Il me détaille de haut en bas. Je suis habillée d’une robe tablier tachée. Mes bas sont trop grands et ils tirebouchonnent sur mes mollets. De plus, j’ai un torchon dans une main et un seau dans l’autre.
Il a l’air amusé et… méprisant.
— … et qu’écrivez-vous, Miss Souillon ?
Ouch ! C’est violent, ça ! J’en ai les larmes aux yeux.
— J’écris des histoires érotiques, Monsieur.
Je sors le dvd de ma poche et lui tend.
Il doit trouver qu’il a été un peu fort avec son « Miss Souillon » car il lève les yeux au ciel, pousse un long soupir, mais… il met le dvd dans son PC… en disant :
— Je vais jeter un coup d’oeil. Mais, ne restez pas plantée là, commencez à nettoyer.
— Oui. Tout de suite, Monsieur !
Je vais chercher le liquide pour les carreaux et enlever toutes les traces.
Ensuite, je nettoie comme si la vie de mon livre en dépendait !
Mon Dieu, faites, qu’il aime !
Les carreaux sont bientôt impeccables.
Je me mets à genoux pour nettoyer sous les meubles. Il pourra ainsi apprécier mon meilleur profil !
A suivre.
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