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Pierre, le Maître

Pierre, le Maître



Pierre le maître

On peut dire ce que l’on veut mais, même le plus efficace des sextoys ne remplacera jamais une langue agile. Enfin, c’est mon opinion. Oui, d’accord : je contrôle parfaitement la montée en puissance et j’arrive à faire durer mon plaisir, mais il manque le côté imprévu. Les lèvres qui pincent mon bouton, la langue qui se glisse dans mon sexe, mieux encore qui titille mon anus, tout cela me manque. C’est ce que je pense, allongée sur mon lit, mon Lelo dans une main, mon téton dans l’autre. À quoi cela sert-il d’investir dans la Rolls du gode vibrant si…
Pourquoi je n’arrive pas à construire une relation durable ? Je suis jeune, 32 ans, plutôt jolie, pas vraiment farouche et, en plus, j’aime bien faire l’amour.
Mais pourquoi me poser cette question ? Je connais la réponse. Je suis entière, pas conciliante pour un sou, demande que toutes les tâches soient partagées, et surtout je suis trop «masculine». Oh pas dans le sens que vous imaginez… Non, pas lesbienne ; mais j’ai tendance à vouloir tout contrôler, tout diriger. Par exemple, c’est toujours moi qui chevauche mon amant. La levrette n’est pas ma tasse de thé. J’aurais l’impression de n’être qu’un jouet pour l’homme. Vous voyez, il y a du travail d’analyse pour toute une vie.
Et si j’ajoute que je suis militaire de carrière ! Oui, lieutenant de l’armée française. Même mes collègues trouvent que j’en fais trop. Je le sais, mais rien ne peut y faire : il faut que je dirige le monde. Enfin…
Mon dernier copain, Thierry, a tenu six mois. Pourtant j’étais vraiment bien avec lui. Comme je vous disais au début, une langue de feu. Mais j’ai gâché notre relation par trop de…, pas assez de…, trop de tout ce qui conduit un homme à se sentir étouffé. Voilà pourquoi je suis toute seule avec mon gadget. Ah, au fait, je m’appelle Muriel.
Ma vie professionnelle est réglée comme du papier à musique. Départ de la maison : 7 h. Retour : 19 h. Je fais une grande partie du chemin en bus. À ces heures-là, la plupart des usagers se connaissent et certaines habitudes sont prises. Toujours les mêmes places, toujours les mêmes têtes, les mêmes conversations. On ne peut pas dire que les gens m’ignorent, non ; ils me saluent, mais c’est tout.
Donc la place en face de moi est souvent libre et ce soir-là, à l’arrêt de l’Université, un homme, élégant, la cinquantaine, s’y installe pour aussitôt plonger dans ses lectures. Bien sûr, il me salue, me sourit, par politesse je pense, et c’est tout. Ainsi va le monde.
À peine s’est-il installé qu’une jeune femme, étudiante probablement, s’adresse à l’homme déjà absorbé par son livre.
– Monsieur, je peux vous poser une question sur votre cours ?
Il lève la tête et répond.
– Mademoiselle S…, ce n’est pas le lieu. Demain, à mon bureau, 13 h 30.
La jeune femme ne demande pas son reste et s’éloigne après un « Merci Monsieur » de circonstance. Il faut dire que, sans élever le ton, sans même paraître énervé, la voix de l’homme ne supportait pas la moindre réplique. Je sais reconnaître l’autorité naturelle, celle qui fait que certains savent se faire obéir sans avoir besoin de se forcer.
Un regard, et comme pour s’excuser :
– C’est tous les ans la même chose.
Je dois avoir l’air demeurée ou ahurie et il reprend :
– Je suis prof à la Fac de Lettres.

– Ah ! Que je lui fais.
Quelle remarque intelligente de ma part ! Vraiment, je suis au top.
– Oui, j’enseigne la littérature française.

– Euh !
Il faut dire que la littérature et moi, on ne s’est jamais vraiment croisées.
– Comme tous les ans, j’ai traité des œuvres du divin marquis. Ah, ces étudiants, si jeunes et déjà formatés. Les filles surtout.
Mais de qui parle-t-il ?
– Eh oui, Sade, son œuvre, sa philosophie. On peut comprendre qu’à son époque, ses écrits et son comportement aient choqués ; mais maintenant !
Il faut que je réagisse. Des souvenirs de bavardages entre amis me permettent de tenter une parole intelligente.
– Bien sûr, Justine…

– Pas seulement. Ce livre n’est que la partie apparente de l’iceberg. Les plus grands, Apollinaire, Baudelaire, Éluard parmi tant d’autres l’ont étudié.
Et le bus continue son chemin pendant que mon voisin me captive par ses connaissances et surtout par la spontanéité et l’enthousiasme avec lesquelles il discourt sur le sujet.
C’est ainsi que nous avons fait connaissance. Presque chaque jour, nous parlons. Oui, nous parlons. Car il m’écoute et même si je dis des bêtises ou fais la preuve de mon ignorance, jamais il ne se moque. Il sait parler, mais surtout il sait écouter. Petit à petit, je me confie. Des confidences que je n’ai jamais faites à personne. Lui, pas tellement. Sauf une fois où je l’avais titillé sur l’incohérence apparente entre son amour du « sadisme » et l’alliance qu’il portait au doigt.
– Je suis veuf. Ma chère femme m’a quitté il y a deux ans maintenant.

– Je suis désolée.

– Tu n’y es pour rien. « Il me tutoie, moi je n’ose pas. » Elle était en parfait accord avec ma philosophie. Nous étions si heureux… J’étais son maître. Elle était ma maîtresse. Que les femmes me paraissent fades à côté de son souvenir !
Bien sûr, il faut que je la ramène et, comme d’habitude, je ne fais pas dans la dentelle.
– Ce n’est pas sympa pour elles. Je suis certaine que vous allez trouver quelqu’une qui aimera que vous la dominiez et en fassiez votre esclave.

– Mais tu n’as rien compris. Au contraire, cette femme doit être forte. Il n’est pas question de servitude. C’est un échange entre deux personnalités qui se subliment dans l’obéissance, dans l’abandon !

– C’est vrai que je ne saisis pas les nuances, mais pourquoi ne m’apprenez-vous pas ? J’ai lu tous les livres que vous m’avez passés. Je suis prête maintenant pour mieux comprendre.

– Ah, tu veux comprendre ! Pourquoi pas ? Tiens donc, pour commencer, viens demain à ma réunion. Quelques élèves de mon cours seront présents. C’est au 23 de la rue… Ils me prêtent une salle en échange de mon expertise. Attention : 20 h précises.
Le lendemain, je suis au rendez-vous. Je ne suis pas la seule à attendre à cette porte qui est manifestement l’entrée de service d’un club reconnu pour être « The Club Libertin » de la ville de Nantes. Je comprends maintenant de quelle expertise il s’agit. Manifestement, les autres se connaissent : trois filles et trois garçons qui me regardent, un peu soupçonneux. Heureusement, la porte s’ouvre et Pierre nous fait entrer. Je suis les autres et tout le monde s’installe dans une pièce d’un autre temps. Tentures, boiseries, miroirs anciens ; même les chaises semblent d’une autre époque.
Pierre prend la parole. Au fait, vous l’aurez compris, Pierre est le prénom de ce professeur.
– Bonsoir. Je vous présente Muriel qui va assister à notre séance. Pas d’objections ?
Silence total.
– Avant de commencer, faites-moi passer vos décharges du jour, signées.
Je comprendrai plus tard qu’il s’agit d’une décharge indiquant que c’est à une réunion privée qu’ils assistent, et que c’est de leur plein gré que… etc. On n’est jamais trop prudent, me dira Pierre plus tard. La Bastille n’existe plus mais la morale et surtout les avocats sont pointilleux.
Commence la réunion. C’est une succession de lectures de textes par les étudiants et de commentaires, essentiellement de Pierre. Ils sont à l’aise, et pourtant les sujets sont chauds. « Les onze mille verges » d’Apollinaire ne sont pas à mettre entre toutes les mains. À propos de mains, comme je suis assise sur le côté, je vois nettement une étudiante dont la main s’est glissée sous sa jupe. Tiens, au fait, toutes les filles sont en robe ou jupe. Je suis la seule en jean.
– Virginie ? C’est Pierre qui interrompt la lecture.
La jeune femme, surprise, répond.
– Oui Monsieur.

– Viens vers moi.
Elle obéit. Il s’adresse à tous.
– Virginie mérite d’être punie. Elle se masturbe pendant le cours. Qui veut s’en charger ? Oui, Myriam !

– Il faut qu’elle vous suce.
Personne ne semble choqué par la demande, au contraire, cela les fait sourire.
– Non, garde tes fantasmes, Myriam. Tu connais les règles : je ne participe pas physiquement. Alors, quoi d’autre ?

– Elle doit se caresser devant nous.

– Sois plus précise. Tu es sa maîtresse et tu dois la guider, pas à pas, sans qu’à aucun instant elle puisse hésiter ou réfléchir… Allez, commence… Roman, tu reprends la lecture chapitre 9 à « Mony lui releva les jupes et lui suça son petit con rebondi où il n’y avait pas encore de poil… »
Le garçon commence sa lecture alors que Myriam se lève pour se rapprocher de sa soumise. Elle lui parle :
– Retire ta petite culotte.
Virginie s’exécute. Quelqu’un baisse l’éclairage de la salle.
– Assieds-toi sur le tabouret. Voilà. Maintenant, caresse-toi.
Chaque geste est contrôlé par la maîtresse. La main disparaît sous la jupe. Elle obéit au doigt et à l’œil. Il faut dire que Myriam ne lui demande que des actions de plaisir. Elle porte sa main à son pubis, se caresse de la paume, glisse deux doigts dans le vagin, les porte à sa bouche, redescend pour recommencer.
– Caresse-toi les seins.
Elle passe sa main sur sa poitrine.
– Non, sur la peau.
La main glisse dans le col évasé, entraînant le tissu avec elle. Le sein apparaît libre, sans soutien-gorge. Elle se caresse lentement. Elle est dans son monde, les yeux fermés, entièrement tournée vers son plaisir.
– Pince tes pointes.
Elle s’exécute, gémit sous sa propre pression.
Pierre fait un signe pour que Myriam se taise et laisse la femme libre maintenant. La salle est silencieuse. Roman lit toujours son texte avec application sans se laisser distraire. C’est fort, évocateur de possessions multiples. On entend aussi les petits cris annonciateurs de la jouissance. Elle est tout à ses caresses. Personne d’autre n’existe.
– Stop !
L’ordre surprend tout le monde. C’est Pierre. Il doit réitérer son ordre pour que Virginie cesse. Il se tourne vers Myriam.
– Elle allait jouir et tu laisses faire !

– Mais oui, répond-elle, surprise de cette évidence.

– Alors, où est la punition ? Elle se masturbe pendant la séance, et comme punition tu lui offres de se terminer devant tout le monde. Moi, j’appelle cela une récompense.
Il s’adresse au groupe :
– Vous avez un long chemin à parcourir. Nous avons toute l’année pour cela. Vous pouvez partir, mais avant je veux que vous réfléchissiez à la situation suivante pour faire des propositions : « Une jeune femme, belle fille, la trentaine, n’arrive pas à avoir une relation durable avec les garçons car elle est trop exigeante, trop possessive et surtout trop dominatrice. Comment la changer ? »
Tout le monde se tourne vers moi comme si je portais cette tare sur mon visage. Un garçon pose une question.
– Pouvons-nous envisager des contraintes physiques et des incitations sexuelles ?
Pierre me regarde, attendant ma réponse. Jusqu’à maintenant, tout était virtuel ou ne me concernait pas directement. Le chemin est long, des tourments de Justine à ma propre personne. Mais ma mère m’a toujours dit « Ma fille, on n’a rien sans rien ». Il faut essayer. J’ai confiance en Pierre. Je baisse les paupières…
– Oui. Vous pouvez. Attention : je veux de la retenue. Myriam, ne lui demande pas de me sucer, n’est-ce pas ?
Tout le monde éclate de rire. Virginie est la dernière à quitter la salle. Un garçon l’attend. Pas de doute qu’il va lui proposer de reprendre là où elle s’est arrêtée. Bonne soirée.
– Alors, ton impression ? me demande Pierre.
– Surprenant. Des étudiants, aller si loin, c’est surprenant.
– Quelle ingénue tu fais. Tu crois que les étudiants en lettres n’ont pas une libido comme les autres ? Je ne me fais pas d’illusions sur l’intérêt que la plupart portent à Sade. Pour eux, c’est un prétexte. En tout cas, ceux qui sont ici savent ce qu’ils veulent, c’est déjà ça. Avant de les accepter, j’ai demandé à chacun d’eux de visionner un film de la séance finale de l’année dernière. Ils savent ce qui les attend. Tiens, je vais les accompagner à la sortie ; regarde, pendant ce temps.
Il part. Je visionne aussi la vidéo. En effet, ils ne sont qu’au tout début. Ce soir n’était qu’une broutille. Pierre revient.
– Alors, tu as vu ? Et toi, es-tu prête ?… Oui ?… Bien !… Alors tu vas venir t’installer chez moi.

– Mais…

– Oui. Chez moi.

– Je préférerais…

– Approche… Baisse ton pantalon !
Je le regarde, interloquée.
– Vas-tu obéir ?
Il tient à la main une sorte de fouet avec de courtes lanières. Je comprends que tout commence à cet instant. J’ai pris une décision et je dois assumer. J’obéis.
– La culotte aussi.
Heureusement que la lumière est tamisée. Je suis moins à l’aise que la fille qui s’est caressée sans pudeur devant nous.
– Allonge-toi sur le bureau.
Il n’est pas nécessaire de me préciser dans quel sens.
– Aïe !
Le premier coup me surprend.
– Première leçon : tais-toi.
Les autres se succèdent. La surprise passée, ce n’est pas aussi douloureux que je craignais. Entre chaque choc, les lanières se promènent dans la raie de mes fesses et chatouillent ma fente. Ce n’est pas rugueux comme du cuir pourrait l’être. Non, c’est plutôt doux, soyeux. Du tissu, peut-être. Dix fois, il me frappe.
– Lève-toi. Leçon numéro deux : obéir. Obéir sans discuter. Pendant une semaine, je ne veux pas entendre le son de ta voix, sauf si je te questionne. Compris ?
Oui, j’ai compris, aussi je ne fais que hocher de la tête.
– Bien. Je t’attends vendredi soir à cette adresse.
Il me donne un papier.
Le jour prévu, je sonne à l’adresse indiquée. C’est lui qui m’ouvre la porte.
– Entre, et ferme derrière toi.
Pas un mot d’accueil, pas un bonjour, pas une aide pour m’aider à traîner ma valise dans l’escalier.
– Pose ta valise sur la table. Ouvre-la.

– Remplis ce document. Il stipule que tu es ici de ton plein gré, que tu peux partir à chaque instant et qu’aucune somme d’argent n’est échangée entre nous. Si tu es d’accord, signe et garde un exemplaire.
Pendant que je m’exécute, il fouille, trie. « Ça, oui. Ça, non. Etc. » Arrive mon Lelo. Un regard rieur. « Je le garde ».
– Dans la maison, tu vas mettre cela.
Il me tend un ensemble que je découvre. C’est le plus ringard des costumes de soubrette ou de ménagère avec tous les clichés associés aux fantasmes des hommes : tablier ouvert sur les fesses, top lacé dans le dos, manchettes, coiffe et bas noirs. C’est si offensant, si caricatural, si éloigné de ma personnalité et même de la sophistication que je soupçonne chez Pierre que je vais rire à la plaisanterie. Mais il ajoute :
– Bien sûr, pas de sous-vêtements. Je te les donnerai pour aller travailler. Et encore, il faudra que tu le mérites.
D’un geste :
– Ta chambre. La mienne. Ma salle de bain. Va te changer. Je t’attends.
La grande glace de la chambre me renvoie l’image d’une fille de joie du siècle passé, à une époque où les maisons closes devaient favoriser ces déguisements pour le plus grand plaisir du client et de son fantasme.
Quel contraste entre nous… Lui, toujours aussi élégant, distingué, précieux. Moi, réduite au silence, pratiquement nue ; pire : offerte à son regard. Pendant huit jours, je n’ai pas dit un mot, sauf à mon travail bien sûr. Encore que je me suis sentie bien faible les jours où je n’ai pas eu droit à ma lingerie. Essayez de passer un uniforme dans le vestiaire pour femmes sans qu’une collègue ne puisse voir que vous ne portez pas de sous-vêtements.
Mais le pire, oh oui, le pire a été d’agir comme une soubrette, une femme au foyer du siècle passé. Oh mes amies, femmes libérées, j’ai trahi votre lutte pour le partage des tâches, pour l’égalité des sexes ! Eh oui, j’ai fait la cuisine, le ménage, les courses et le repassage. Pas de sorties, pas de télé, pas de sexe. Enfin, pour le sexe, je reconnais que je me suis branlée en douce, dans les toilettes de la caserne lorsque je n’en pouvais plus. Car, et c’est le plus étrange, cette situation me mettait dans tous mes états. Alors que je guettais une bosse dans le pantalon de Pierre pendant qu’il me faisait passer l’aspirateur ou nettoyer sa baignoire, c’est moi qui étais troublée, le sexe humide d’envie.
Je n’ai pas eu le droit de l’accompagner à sa réunion au club. Pourtant j’étais curieuse de savoir quels sévices, quels tourments ses élèves avaient imaginés pour moi. Un instant, je me suis demandé si Pierre n’était pas insensible, voire impuissant. Pourtant, une fois habituée au ridicule de mon costume, il faut reconnaître qu’il me mettait plutôt en valeur. Me suis-je trompée ? Et si ce n’était que poudre aux yeux, ce discours sur l’épicurisme, le sadisme.
Une semaine déjà. Pierre rentre assez tard. Son bain est prêt. La température est parfaite. Les sels embaument la pièce.
– Muriel, viens.
Il est dans son bain. La mousse cache son corps. Je ne l’ai jamais vu autrement qu’en costume.
– Déshabille-toi. Laves-moi.
Depuis huit jours, j’évolue quasi nue devant lui. La gêne des premiers jours est partie, la pudeur aussi. D’ailleurs, je ne suis qu’un objet ; pas une femme, encore moins une femme désirable pour lui.
Je commence par le cou, les épaules, puis le dos. Pas un mot. Pas un geste. Il semble indifférent.
Non ; doucement, il s’allonge dans l’eau, la tête en appui sur le bord de la baignoire. J’hésite, rince le gant de toilette, m’agenouille à nouveau. Les poils du torse forment une forêt où les bulles et la mousse s’accrochent avant que ma main ne les chasse. Ma main descend, atteint le ventre que je devine plat, frotte les hanches. Nouveau rinçage. Nouvelle plongée. Les pieds, les mollets, les cuisses.
J’hésite. Dois-je continuer ? Il ouvre les yeux. Il attend. Dans mon désarroi, je laisse échapper le gant de toilette dans l’eau. C’est ma main qui touche son sexe, ses couilles pour retrouver le morceau de tissu.
– Continue…
L’ordre est clair. J’abandonne le gant. Ma deuxième main plonge aussi. Elle vient envelopper les testicules et je sens la verge bouger. Je la flatte et elle se déploie, encore et encore. Maintenant, je la branle doucement. La mousse fait obstacle et je ne peux que deviner la verge qui semble vouloir monter à la surface. Elle durcit et maintenant le gland est libéré de la chair protectrice.
Il bouge, se lève. L’eau m’éclabousse et je recule. Il sort de la baignoire pour s’asseoir sur le bord. La verge est encore recouverte par endroits de mousse qui disparaît lentement par explosions successives. Maintenant la chair est apparente, du gland aux testicules. Seules des gouttes coulent le long de la tige pour venir tomber sur le sol sans que le moindre poil ne freine la descente. Elle est belle, splendide, tendue, uniquement déformée par une veine qui monte. Je n’ai qu’une envie : la prendre dans ma bouche. Le sexe me manque. Je sais que je suis une bonne suceuse. Mes copains me le disaient. Je n’ai pas de mérite, j’aime cela. Ma bouche à la Julia Roberts me permet des choses que les hommes apprécient.
Mais pour l’instant – et je m’étonne moi-même – je freine mon envie. Je dois attendre son ordre.
– Suce-moi !
Enfin. Mes deux mains trouvent seules l’appui sur ses cuisses et mes lèvres goûtent pour la première fois le parfum du bain sur son gland. C’est moins bon à lécher qu’à sentir, mais bien vite je repousse les dernières gouttes à mesure que je progresse le long de la hampe.
Un soupir. Il apprécie ma caresse. Peu d’hommes résistent lorsque leur sexe disparaît totalement dans ma gorge. D’accord, je peux être chiante ; mais j’ai des bons côtés. Je monte et descends, jouant de la langue sur le frein, léchant ses couilles, puis je l’embouche à nouveau. Je salive beaucoup, abandonnant de grosses quantités de liquide qui amplifie le bruit de la succion.
Waouh ! Il tord sans ménagement le bout de mes seins. Il va me les arracher. Je grogne, la bouche pleine. Gargouillis noyés parmi d’autres.
– Caresse-toi.
Il ne faut pas me le dire deux fois. Ma main écrase mon minou, frotte mon petit bouton. Je suis humide. Mes doigts séparent les petites lèvres et plongent avant de se recroqueviller. C’est un crochet qui m’étreint, l’hameçon de mon vagin. Je cherche mon point G. Le graal de chaque femme.
La pression sur mes tétons imprime ma cadence. Dès que ma bouche lâche le gland pour le libérer et reprendre mon souffle, la torsion me demande de revenir, de faire entrer cette queue dans ma gorge, le plus loin possible, le plus longtemps possible. Si je l’écoutais, je mourrais étouffée, sa verge enchâssée pour l’éternité dans cet écrin. Mais je résiste, pour ma survie et son plaisir.
Ma paume tape sur mon sexe. C’est bon. Je coule tellement qu’en bonne soubrette je pense déjà à nettoyer ma cyprine sur le carrelage. Il vient. Je le sens. Une imperceptible vibration, un goût nouveau, une goutte de plus…
Il est tellement certain de son emprise sur moi qu’il me laisse libre. Suprême confiance. Il a raison. Je n’ai qu’une envie : jouir et le faire jouir.
Un jet, abondant, odorant, généreux. Je n’ai que le temps de me placer, les lèvres sur le gland, la langue en brise-lames, pour éviter que le sperme bondisse au fond de ma gorge et m’empêche de le déguster. Car je veux le goûter, le sentir, l’apprécier avant qu’il ne disparaisse.
Un, puis deux, puis trois flots jaillissent. Ma bouche est un réceptacle. Je le garde, le concentre, attend que toute la semence se rassemble.
J’attends un ordre, une demande, un souhait. Rien. Il jouit, c’est tout. Mais moi je veux plus. Le surprendre. Lui faire comprendre que je ne mérite pas d’être abandonnée, négligée, ignorée.
Je laisse son sperme s’échapper de mes lèvres en longs filets gluants qui glissent sur sa hampe encore raide. La queue encore dressée, chaque goutte, chaque coulure est récupérée par ma langue, poussée au fond de mon palais et avalée dans ce mouvement de la glotte qui séduit tant les connaisseurs.
– Bien.
Même si Pierre ne dit rien, je sais qu’il a apprécié. Ce sont des sensations que même un homme expérimenté ne peut pas cacher.
Le lendemain, samedi, on sonne à la porte. Un traiteur livre des plats.
– J’attends des amis ce soir, des amis de longue date, des amis intimes. Tu dois les écouter et obéir comme à moi-même. Choisis.
Il me présente un coffret où sont alignées des pierres de couleurs différentes. La rouge ; j’adore la couleur rouge. Je la montre du doigt.
– Excellent choix. C’est le plus gros. Écarte les jambes et penche-toi.
C’est froid. Il étale un liquide huileux sur mes fesses. Un objet frotte dans ma raie, titille mon clito, pousse dans mon vagin, ressort, remonte, pousse contre mon anus, insiste, insiste, force le passage, m’écarte, me déchire, disparaît.
– Parfait. Redresse-toi.
Je sens une gêne, un gonflement. L’objet est dans mon cul. Je sens sa présence, bien sûr, mais il ne tombe pas alors que je suis debout.
– Regarde.
Pierre a placé un miroir entre mes cuisses. La pierre rouge, écarlate maintenant dans l’ombre de mon intimité, bouche la vue de mon anus.
– Rosebud. C’est un joli nom, tu ne trouves pas ?
Je sais maintenant que c’est une question qui ne demande pas de réponse, sauf si le fouet me manque.
Vingt heures. La table est préparée, les bouteilles débouchées. J’attends dans mon costume fraîchement repassé, le bijou dans les fesses et un magnifique collier autour du cou.
On sonne.
– Reste là. Je vais ouvrir.
Un bruit de voix, des bises, des pas dans l’escalier : ils arrivent.
Un homme et une femme. Quarante, cinquante ans. Élégants, en parfait accord avec mon maître. La femme porte une robe noire, discrète, sans ostentation.
À ma vue, silhouette immobile, ils réagissent. La femme parle.
– Pierre. Enfin. Nous n’espérions plus. Charles et moi étions très inquiets depuis quelques mois. Oh, je suis si heureuse.
Et elle l’embrasse. Elle l’interroge.
– Depuis combien de temps ?

– Quelques jours seulement.

– Fantastique. Je peux ? Faisant signe dans ma direction.

– Bien sûr. Vous êtes les premiers.
Elle s’approche. Je suis une chose dont elle fait le tour.
– Elle s’appelle ?
Pierre répond.
– Muriel.
La femme jette un regard à son mari.
– Vraiment ? Muriel !
Je comprendrai plus tard que la femme de Pierre s’appelait aussi Muriel.
Puis elle se tourne vers moi.
– Tu as de la chance d’avoir Pierre comme maître. Il m’a tout appris. C’est mon chéri qui le lui avait demandé. N’est-ce pas, mon amour ? Pas un jour je n’ai regretté son enseignement. Tu verras, ce sera pareil pour toi.
Puis ils m’oublient. Je les sers à table. Ils passent dans le salon. Café, digestif. La conversation se calme. Ils semblent me redécouvrir. La femme interroge mon maître.
– Je peux ?

– Bien sûr.

– Approche.
Elle me palpe, me pelote sans douceur. Sa main découvre le plug dans mon cul. Elle sourit, le retire d’un seul geste et me le donne à lécher. L’odeur n’est pas très forte mais je ne peux retenir une grimace de dégoût.
– Comment ? Tu refuses !
Trop tard, je suis en faute. Une volée de claques s’abat sur mes fesses. Elle me fait mal. Je prends l’objet et le lèche consciencieusement Elle m’ordonne :
– Remets-le dans ton cul.
J’ai du mal, malgré ma bonne volonté. Il est vraiment très gros. Je le pose sur le sol et m’assieds dessus pour arriver à le remettre en place.
Pendant ce temps, Pierre est allé chercher une boîte violette qu’il donne à son amie. Elle en extrait deux objets.
– Enlève ton top.
Elle tire sur mon téton et fixe l’un des objets avec une pince qu’elle serre si fort que je ne peux retenir un cri de douleur. Le poids qui lui est fixé semble peser si lourd que j’ai l’impression que mon sein va se détacher. Le deuxième subit le même sort. Ma poitrine, dont je suis si fière, est complètement déformée. Le moindre mouvement provoque une tension insupportable, mais je résiste à me plaindre. Je reste figée.
La femme rit de me voir dans cette situation.
– Tu es bien sensible… Regarde-moi.
Elle fait sauter sa robe par-dessus la tête. Elle est nue, comme je l’avais deviné. Mon regard suit ses mains qui me montrent le chemin. Elle a des piercings, tige métallique terminée par deux petites boules, sur la base de chaque téton. Manifestement cela lui fait grandir et pointer les bouts. Je découvre aussi la même chose au nombril, mais le plus étonnant est la boule sur le capuchon de son clito et les deux anneaux bien symétriques sur les petites lèvres.
– Touche.
D’une main hésitante j’effleure les morceaux de métal qui transpercent ses seins. Je crains de lui faire mal. J’ai l’impression que la chair va déchirer le téton si je le manipule.
– Quelle empotée tu fais… Allez ! Caresse-moi !
Et elle malaxe sa poitrine en tirant sur les pointes, tout en s’asseyant et ouvrant ses cuisses. Je m’agenouille doucement en évitant de faire balancer les poids.
– Oh, attends : regarde le bel œuf.
Elle tient un objet qui me semble plus près de la tomate longue que d’un œuf. Enfin, une tomate plus pourpre que rouge.
– Lève la tête. Ouvre la bouche.
J’ai tout de l’oisillon qui attend la becquée de ses parents, sauf que c’est la tomate pourpre qu’elle laisse descendre dans ma gorge. Mes lèvres se referment sur une ficelle qui sert à le maintenir. Elle tire dessus et le récupère.
– Tourne-toi.
Je m’exécute, à quatre pattes. Les poids tirent mes seins et s’entrechoquent dans un bruit sourd. Je sens qu’elle m’écarte la chatte et pousse pour faire entrer son œuf. Il n’est pas si gros ; j’ai connu des sexes plus encombrants.
– Reviens. Maintenant, tu peux me caresser.
C’est ma première expérience féminine, mais ce n’est pas comme la première fois avec un homme. Je suis en terrain connu.
Brrrrrrr. Tsunami dans mon vagin. Je fais un bond de surprise. Elle diminue la vibration, tâtonne un instant avant d’abandonner la télécommande sur un mode variable. Nous avons les mêmes goûts. C’est ce mode que je choisis toujours avec mon Lelo. Lente progression de la fréquence et de la force des vibrations jusqu’à un niveau presque insupportable, puis redescente avant de recommencer.
Nous échangeons un regard complice. Pas de maîtresse à esclave, mais de deux femmes qui veulent du plaisir. Je me redresse un peu pour m’avancer sur elle, faisant glisser mes poids sur son pubis, son ventre et sa poitrine. Pendant un long moment, je joue à les faire s’entrechoquer avec les piercings de ses seins. C’est elle qui m’attire pour m’embrasser sur la bouche. Son baiser est totalement différent de celui d’un homme. Les lèvres sont parfumées, sa langue est moins dominatrice ; elle cherche à m’attirer dans sa bouche pour me mordiller doucement.
Elle cesse ce petit jeu pour me dire, comme un souhait « Suce-moi ». Je descends. Ma bouche joue avec ses seins, ma langue explore les boules de métal, je tire avec les dents sur les tétons, arrachant des soupirs qui ne sont pas seulement de douleur. Pendant ce temps, mes mains viennent s’appuyer sur ses cuisses qu’elle ouvre encore plus. Je l’abandonne ; mais avant de m’agenouiller pour venir lécher son intimité, je fais balancer mes poids pour qu’ils frappent son clito et son minou. Le bruit du métal paraît saugrenu dans un tel endroit, mais il rythme bien les mouvements et chaque choc lui arrache des petits cris.
Je m’habitue à ces boulets qui déforment ma poitrine. J’éprouve maintenant le même plaisir que celui du doux frottement des tétons sur un tissu – ou mieux encore – sur la peau d’un amant. Maintenant que je suis agenouillée, l’œuf et le plug se frottent. Les vibrations se répandent dans mon cul comme si le plug aussi vibrait. C’est bon.
À côté de la femme, le mari est en train de se masturber. Sa verge est encore molle mais il la branle doucement. D’un signe, il me fait tendre la main pour remplacer la sienne. À mon tour de le branler. Aussitôt sa queue grossit. Je joue avec elle et ses couilles, mais la femme m’appuie sur la tête pour que je m’occupe d’elle.
Dès que je lèche son clito et enveloppe le piercing de ma langue, elle se cambre dans une jouissance immédiate. Je sens son jus qui coule. C’est impressionnant. Je récupère au mieux du liquide sur ma langue et mes lèvres et je fais ce que je fais toujours à mes amants : je vais les embrasser. Souvent, les hommes détournent la tête avec une sorte de dégoût pour leur propre sperme, alors qu’ils adorent voir leur copine « avaler », comme ils disent. Ce n’est pas le cas de cette femme : elle apprécie, me suçant littéralement sa jouissance. Je vais replonger quand l’homme me tire les cheveux pour que je le suce.
Je n’ai pas quatre mains ! Il faut vous mettre d’accord ! Je m’exécute et je le pompe profond, mais je veux retourner vers la femme car je suis impatiente de m’exercer sur une chatte.
Voilà ; ma bouche embrasse son minou, mes doigts glissent dans le vagin humide, le petit doigt s’essaie sur l’anus. Elle est ouverte et j’entre facilement. Je joue avec les deux anneaux des petites lèvres, allant jusqu’à les faire se toucher. Si j’étais un peu sadique – après tout, je suis ici la maîtresse d’un maître – j’attacherais les deux piercings ensemble comme punition. Pas de queue, pas de gode sans que le maître ne l’autorise. Mais pour l’instant, chaque fois que ma langue touche son clito, elle gémit. J’avais entendu dire que ce piercing décuplait le plaisir ; je crois que j’en ai la preuve sous les yeux. Sous la langue, plutôt.
Mais on me pousse sur le côté. C’est Pierre, le sexe à l’air. Il soulève les jambes de la femme et, sans prévenir, l’encule. Heureusement que j’avais préparé le terrain. Sinon… Mais peut-être qu’elle aime cela. Le sexe disparaît, puis revient pour replonger. La femme se caresse d’une main et de l’autre att**** la télécommande abandonnée à son côté.
Bzzzz. Arrêt. Bzzzz. Arrêt…
Voilà ; ma bouche embrasse son minou, mes doigts glissent dans le vagin humide, le petit doigt s’essaie sur l’anus. Elle est ouverte et j’entre facilement. Je joue avec les deux anneaux des petites lèvres, allant jusqu’à les faire se toucher. Si j’étais un peu sadique – après tout, je suis ici la maîtresse d’un maître – j’attacherais les deux piercings ensemble comme punition. Pas de queue, pas de gode sans que le maître ne l’autorise. Mais pour l’instant, chaque fois que ma langue touche son clito, elle gémit. J’avais entendu dire que ce piercing décuplait le plaisir ; je crois que j’en ai la preuve sous les yeux. Sous la langue, plutôt.
Mais on me pousse sur le côté. C’est Pierre, le sexe à l’air. Il soulève les jambes de la femme et, sans prévenir, l’encule. Heureusement que j’avais préparé le terrain. Sinon… Mais peut-être qu’elle aime cela. Le sexe disparaît, puis revient pour replonger. La femme se caresse d’une main et de l’autre att**** la télécommande abandonnée à son côté.
Bzzzz. Arrêt. Bzzzz. Arrêt…
L’œuf vibre fort, très fort et elle l’active au rythme de son enculade. Il avance. Bzzzz. Il recule. Repos. Il avance. Bzzzz, etc. Solidarité féminine. Merci, je ne connais même pas son prénom. Je vibre de partout. L’œuf s’est fait un allié du plug. Cela dure. C’est bon. À ma droite, Pierre qui encule. À ma gauche, le mari qui se branle. La main presse la verge et tire vers le gland comme pour l’agrandir, pomper le sperme du fond des bourses.
Plaff. Je reçois la première giclée dans l’œil. Tir trop haut. Il ajuste, visant ma bouche que j’ai ouverte et que j’approche tout près du gland. Plaff, dans la bouche. Plaff sur la langue. Le reste coule lentement sur la main qui trait la bite. C’est fini. Je garde le sperme dans la bouche. Il me fait le geste d’avaler. Ah, ces hommes, tous les mêmes !
Mon vagin vibre presque de façon ininterrompue. Le couple se démène avec frénésie. Pierre serait-il homme à se laisser emporter par le plaisir ? Oh, oui. Ses coups de reins montrent qu’il lâche sa semence. La femme crie, oh oui, crie son plaisir de recevoir ces giclées de foutre. Le mari regarde le couple d’un œil bienveillant. Son regard, comme le mien, suit maintenant le sexe qui sort doucement de l’anus, laissant des traînées de sperme couler comme à regret de l’œillet qui reste encore un long moment ouvert.
Je peux enfin m’occuper de moi. Ils sont encore dans leur monde et je ne suis qu’une chose, insignifiante, mais qui a tellement envie de jouir avant qu’ils ne se réveillent ! Je bouge afin de ressentir les deux objets dans mes intimités. À défaut d’une ou de deux vraies queues, je me contente de ce qu’ils m’accordent. C’est la première fois que mes deux trous sont occupés en même temps. Sensations, fantasmes, je coule. J’essaye de rester attentive à mes maîtres pour ne pas me faire remarquer, de peur qu’ils arrêtent la montée de mon plaisir. Mais c’est si bon que je ne peux pas… « Ouiiiiiiii ». Le cri de la jouissance.
Ils sourient, indulgents.
– Quand vas-tu la faire percer ? demande la femme, comme si cela était une évidence.

– J’ai pris rendez-vous dans deux jours.
Ils sont fous. Jamais je ne vais accepter. Plutôt renoncer que me retrouver avec ces corps métalliques dans ma chair. C’est un truc à se faire refuser au détecteur de métaux des aéroports. Vous me voyez montrer ma chatte avec un piercing pour pouvoir prendre l’avion ?
Vingt jours se sont écoulés… Le boucher m’a posé son métal sur chaque téton, et je peine encore à ne pas crier lorsque mes seins touchent par mégarde mon vêtement.
Je n’ai pas échappé au piercing sur le capuchon du clitoris, mais si la douleur fut intense lors de la pose de l’anneau sur mon capuchon, elle s’estompa relativement plus vite, comparée au ressenti de la douleur irradiant mes seins !
Pierre m’avait donné congé suite au passage chez le pierceur, en me disant de surveiller mon téléphone et mes mails. J’étais donc rentrée chez moi, et j’avais repris le travail.
L’armée a ceci d’intéressant qu’elle peut offrir une carrière combinant activités intellectuelle et physique. Enfin, j’y voyais cet intérêt avant la pose du métal parce que depuis, la séance de parcours du combattant a été avant tout un combat intérieur pour ne pas défaillir face à la douleur de mes seins enserrés dans leur soutien-gorge brassière, l’ensemble glissé dans un treillis rêche à souhait. Heureusement, il pleuvait, et mes larmes de douleur se sont mêlées à la pluie, si bien que personne n’a remarqué mon état de souffrance.
Fort heureusement, je fais partie d’une unité qui ne subit pas d’entraînement quotidien, et je me complaisais donc dans mon bureau à saisir des kilomètres de chiffres sur un tableur pour occuper mon esprit à autre chose qu’à penser à mes tétons.
Trois semaines se sont donc écoulées, sans aucune nouvelle de mon Maître. Je finis par m’habituer à mes trois nouveaux bijoux. Chaque jour, nue devant mon miroir, je joue quelques instants avec mes tétons ornés, avant de faufiler immanquablement mes doigts vers mon clitoris et de chercher une jouissance salvatrice.
Pierre m’a rappelée hier soir vers 21 heures. Il m’a demandé si je comptais poursuivre l’éducation initiée avec lui. J’ai marqué un temps d’hésitation avant de lui répondre par l’affirmative. Cette hésitation ne lui a pas échappé, si bien qu’il a reposé la question une seconde fois.
– Oui, Maître, ai-je répondu avec plus d’aplomb dans la voix.

– En ce cas, rends-toi disponible dès vendredi 19 heures : nous passerons te chercher pour une nouvelle étape de ton initiation. En prévision de cette soirée, tu veilleras aux points suivants : premièrement, parfaire ton épilation intégrale du sexe et de l’anus ; deuxièmement, choisir une tenue sobre, à la fois courte et un peu décolletée, que tu porteras sans rien d’autre. Tu choisiras des escarpins avec des hauts talons. Troisièmement, maquillage léger et de bon goût, qui soulignera tes yeux notamment. Le style bourgeois… mais pas trop !…

– Bien, Maître. Il en sera fait comme vous le demandez.

– Tu ne poseras aucune question, et nous te donnerons les consignes en chemin.

– Bien, Maître : je serai prête à 19 heures, soyez-en certain.

– Excellent ! Alors, à vendredi.
Il a pris congé sans donner plus de détails. Cette incertitude m’excite au plus haut point.
J’ai mal dormi durant la nuit, échafaudant tous les plans plausibles correspondant aux consignes données.
La journée s’est déroulée sans passion, morne à souhait. Mais une certaine impatience m’a saisie vers 14 heures, lorsque j’ai quitté le bureau en avance pour rentrer chez moi.
Je fais un saut chez l’esthéticienne, histoire de « tailler ce qui dépasse ». Au terme de la séance, si toutefois il dépassait quelques poils, c’est désormais bien fini ! J’arbore un « Kojak » tout neuf, recto-verso. L’esthéticienne m’a jeté un coup œil évocateur lorsque je suis arrivée : il faut dire que ma demande dépasse largement du cadre habituel de l’épilation traditionnelle « ticket de métro ». Elle doit s’imaginer mes turpitudes… quoique… non, les turpitudes qui sont miennes depuis ma rencontre avec mon Maître dépassent son imagination… et la mienne également ! Elle a d’ailleurs bloqué lorsqu’elle a découvert mon piercing au clitoris. Heureusement, il me reste deux jours pour que le feu de la crème retombe.
Bien avant l’heure dite, je patiente dans mon salon, dans la tenue exigée. « Patiente » est un bien grand mot ! Disons que je ronge mon frein en arpentant la pièce, juchée sur mes talons.
Pourtant, j’ai pris grand soin à me préparer : douche chaude, massage avec huiles essentielles de l’ensemble de mon corps, maquillage, léger mais soigné, choix d’une jupe noire assez sage, bien qu’elle volette à chaque mouvement et d’un chemisier ouvert assez largement sur ma poitrine libre d’entraves qui satisfait aux desiderata de Pierre, escarpins à talons de 8 cm resserrés autour de la cheville par une petite lanière.
À 19 heures tapantes, l’interphone a grésillé. Sans vérifier qui pouvait sonner, j’ai pressé sur le bouton d’ouverture de la porte du hall. Une minute plus tard, Pierre, accompagné de Nadia et de son mari Patrice, ses amis rencontrés chez lui.
Pierre m’embrasse, Patrice également, tandis que Nadia, la dernière à entrer, me dévore la bouche. Elle porte une tenue assez similaire à la mienne, mais un tantinet plus provocante.
Pierre passe en revue ma tenue du regard, d’un air approbateur.
– Tu as respecté toutes les consignes que je t’ai transmises ?

– Oui, Maître : toutes… sans exception, dis-je dans un souffle, tout en soulevant ma jupe jusqu’à dévoiler mon sexe glabre.

– Parfait ! Alors ne perdons pas de temps. En route !
Dans la voiture, mon amie me donne quelques conseils pour la suite. Le chemin n’est pas très long et nous arrivons sur une aire de parking remplie de camions. J’apprends qu’ils doivent attendre une certaine heure pour avoir le droit d’emprunter l’autoroute, dixit Bison Futé. Ces monstres sont impressionnants, surtout lorsque l’on marche le long de l’étroit passage qui les sépare.
Nadia, suivie de Patrice à quelques mètres, entreprend sa quête. Il lui faut taper à plusieurs portières avant de recevoir un accord. Ils disparaissent dans la cabine.
C’est à mon tour ; je n’en mène pas large. Heureusement, il fait encore jour. Pierre me suit, assez près pour me rassurer, mais assez loin pour ne pas effrayer le client potentiel.
Premiers coups sur la carrosserie. Une tête apparaît à la vitre. J’ouvre mon chemisier, exposant mes seins nus, comme me l’a montré Nadia. Le geste de la main est clair : c’est non.
Le suivant, c’est une femme qui répond. Je m’excuse de la déranger. Je ne savais pas que des femmes pouvaient conduire ces monstres. Après tout, pourquoi pas ? Je suis bien militaire.
Le troisième, un homme, descend sa vitre et demande :
– Yes. Vous voulez ?
Un accent anglais à couper au couteau. J’expose ma poitrine. Il regarde, puis se tourne et semble parler à quelqu’un. Il revient.

– How much ? How much for two ? Et il reprend en français : deux ; combien ?
Je regarde Pierre pour l’interroger, mais sa réponse est immédiate. Il hoche la tête.
– Gratuit. Gratuit si mon mari monte avec moi.
L’homme ne comprend pas. Je m’essaie à mon anglais scolaire.
– Free. Free of charges. Yes, but only if my husband is coming with me.

– Your husband ? But…
Et il se retourne pour parler avec son collègue. Il revient. Entre temps, Pierre s’est rapproché et l’homme peut le voir.
– Your husband ? But why ?

– He likes to look at me when I have sex with men.

– Sure ? Just look ?
Voilà, il suffit de le rassurer. Que l’homme qui montera avec moi sera uniquement passif. Je confirme. Il ouvre la porte et nous montons. La cabine sent le renfermé mais tout est clean. Un rideau tiré fait office de séparation entre la partie conduite et la partie repos. L’homme, d’un geste, me fait comprendre de faire tomber mes vêtements. Le peu de boutons encore attachés saute et je suis nue.
Il me regarde avec envie. Il n’est plus tout jeune et ce n’est pas tous les jours qu’il peut voir une femme de mon âge. Mes piercings l’attirent. Il tend ses mains et me palpe comme pour s’assurer que c’est bien vrai. Je ne peux pas retenir un frisson alors qu’il joue avec le métal et mes tétons. Ma réaction le fait rire. Il parle à son collègue encore derrière le rideau et son ton change lorsqu’il découvre le piercing vers mon capuchon. Il n’est pas nécessaire de comprendre l’anglais pour savoir qu’il jubile de sa présence, alors que tout en glissant un doigt dans ma chatte il regarde Pierre, comme pour le défier ou se moquer de ce mari qui prête sa femme. Peut-être un mari impuissant et qui ne peut pas satisfaire sa jeune épouse ?
Une main tire le rideau. Si le chauffeur a un faux air d’Astérix le Gaulois, la moustache en moins, l’homme allongé sur la couchette, d’un gabarit impressionnant, sorte de jouteur au corps de barrique de bière comme on en rencontre dans les « tournois des hommes forts » au Pays Basque ou encore en Écosse, dont les cheveux roux me font immédiatement penser à une sorte d’Obélix Grand-Breton, avec un catogan pour retenir ses cheveux longs dans son dos. Il me fixe avec un désir non dissimulé. Il semble sortir d’un somme dans son débardeur trop petit pour lui et son jean qui a vécu autant de kilomètres que son camion !
– Good girl ! fait-il en se raclant la gorge. Her husband will just take a look ? So funny, indeed !
Puis, avisant son comparse de route :
– Let’s play her, to know who of us will fuck her first.
Saisissant un dé sur le tableau de bord, la présence de cet objet incongru dans une cabine de camion me laisse à penser que ce n’est pas la première fois qu’ils doivent jouer une fille aux dés, Astérix se penche sur la couchette et lance :
– Five ! You bastard ! fait l’homme au catogan en se saisissant du dé pour le lancer à son tour.

– Bloody hell !
Le dé a roulé, s’est arrêté sur 6.
– Come on, bitch, fait le rouquin en agitant son index comme une invite. Come on the couch !
Docilement, je grimpe à l’arrière sur la couchette biplace qui sert de chambre aux deux routiers. Comme dans les images d’Épinal, des pin-up sont scotchées sur les parois, cuisses écartées, seins dévoilés. Tout en finesse !
Obélix pose les deux battoirs à linge qui lui servent de mains sur mes seins et se met à les malaxer tout en s’adressant à Pierre :
– Look at your bloody bitch, husband ! I’ll fuck her and she’ll appreciate !
Et il ponctue sa phrase d’un rire gras.
Abandonnant un de mes seins, il déboutonne son jean et en extirpe un sexe déjà tendu, d’une dimension plus que respectable. Saisissant ma main gauche, il la pose sur ce chibre et impose un rythme de masturbation avant de me laisser continuer seule et de reprendre mon sein gauche. Je m’applique du mieux que je peux à enserrer cette colonne de chair qui forcit entre mes doigts, au point qu’ils ne parviennent plus à en faire le tour. Le gland violacé prend des proportions que je n’ai jamais croisées jusqu’à présent. Ces dimensions commencent à m’inquiéter sérieusement, mes orifices – quels qu’ils soient – n’étant pas initialement taillés pour accueillir un tel engin.
Délaissant mon sein gauche une nouvelle fois, Obélix pose sa gigantesque main sur ma nuque et exerce une pression pour amener ma bouche vers ce gland énorme. J’ouvre les lèvres à m’en décrocher la mâchoire pour avaler cette fraise transgénique tout en faisant virevolter ma langue autour, à grands renforts de salive. La main d’Obélix n’a pas relâché la pression et pousse ma tête plus loin sur son membre, que j’absorbe centimètre par centimètre, en totale apnée, jusqu’à ce que le gland monstrueux bute sur ma glotte.
S’ensuit dès lors un mouvement de va-et-vient modulé par la main qui me maintient le crâne. Je salive comme jamais, tentant de reprendre mon souffle selon les opportunités qu’il me laisse.
Mon esprit concentré sur ce chibre, je sens néanmoins une main fureteuse se poser sur mes fesses. Elle est un peu rugueuse : ce n’est donc pas Pierre qui s’aventure à glisser un doigt dans mon sexe désormais ruisselant d’excitation. Un deuxième doigt vient compléter l’exploration, tandis que le pouce masse maintenant ma rosette. La honte et l’excitation se mêlent dans mon esprit embrumé. Un échange que j’imagine plus que je ne le comprends entre les deux British me laisse penser que ma prestation leur plaît ! Je m’applique à coulisser sur le sexe de mon Obélix lorsque je le sens grossir dans ma bouche et déverser une énorme quantité de sperme âcre contre mes amygdales.
Ma bouche n’a pas la contenance suffisante, si bien que le trop-plein coule le long de la hampe et s’épanche sur les bourses, se faufilant dans la raie des fesses. Il me tend du Sopalin pour que je procède à une rapide toilette. Pas question que j’avale son foutre. Je sèche consciencieusement les testicules velus. Sa main me fait pencher vers les fesses pour y ratt****r le reliquat. L’odeur y est plus prononcée. Il me force à me pencher encore plus pour que je lèche sa raie, mais le traitement de ma langue semble plaire à mon Obélix qui m’impose de maintenant lécher son anus.
La position n’est pas pratique et j’ai la surprise de voir l’homme se déplacer pour s’installer à quatre pattes.
– Lick my ass, little frenchy slut ! (Lèche-moi le cul, petite salope française !)
C’est ce que je comprends de sa demande dans la langue de Shakespeare.
C’est une première pour moi : aucun de mes amants ne m’a jamais demandé une telle caresse. Bien sûr, je sais que certains hommes aiment cela, et même que la pénétration d’un doigt peut leur procurer du plaisir. La raie poilue laisse deviner le cercle de l’anus souligné d’un disque sombre. Je crains un instant une hygiène déplorable : mais non, juste une odeur forte de transpiration. Ma langue glisse dans la raie, et lorsqu’elle atteint son but l’homme des landes lointaines lâche un cri incongru dans cette gorge de mâle.
Pas de doute, il apprécie, et je m’efforce de le satisfaire.
Pendant ce temps, je sens que son copain est passé à l’attaque. La panique m’envahit. Est-il protégé ? Je veux bien tout ce que l’on veut, mais en sécurité. Un reste d’emballage que je peux entrevoir sur la couchette me rassure. De toute façon, je n’imagine pas Pierre me faire prendre le moindre risque. Rassurée je peux savourer la lente progression du membre dans ma vulve. Cela fait si longtemps qu’une vraie queue ne m’a prise, et ce ne sont pas mes masturbations solitaires qui peuvent remplacer un sexe d’homme, chaud, dur et à la fois souple, glissant dans mon fourreau.
Il commence la douce danse, aux pas simplistes mais que la cadence variable rend la plus pratiquée de par le monde. Mais mon Obélix se plaint car je l’ai abandonné un instant. J’utilise ma langue comme une petite bite qui essaie de forcer le passage du sphincter au rythme imposé par l’autre homme. Il rebande déjà, le gaillard, et maintenant je trouve l’anus assoupli et entrouvert. J’ose y porter un doigt humide, faisant le tour avant de le proposer.
– Yes. Do it.
Même un sourd comprendrait car le geste suit la parole et l’homme recule vers moi. Alors, pour la première fois de ma vie, j’encule un homme. Mon majeur entre facilement, si facilement que j’hésite à lui joindre l’index. J’ose pourtant et la seconde suivante je ramone le fion offert. Obélix confirme son plaisir par cette voix si différente de celle que j’ai entendue au début.
Mais il bouge. Son copain aussi. Le gros recouvre sa bite d’une capote. L’autre enlève la sienne. Quel jeu jouent-ils ? On me pousse au bord de la couchette, en levrette. Le gros s’installe derrière moi, se positionne et son dard m’envahit. Si je craignais la taille de la bête, je suis rassurée car je l’accueille sans douleur. Merci pour la préparation du copain. Ils partagent tout, ces deux-là, et s’entendent comme larrons en foire. À croire que ce sont des habitués. Sans douleur, c’est peut-être vite dit. Il n’est pas encore entièrement en place car il donne des coups. Portant, je sens sa panse de buveur de bière plaquée contre mes fesses. Alors, que veut-il ?
En tournant la tête, j’ai la réponse dans le large miroir de courtoisie d’un pare-soleil abaissé. Les coups, ce n’est pas lui qui les donne. Il n’est que la courroie de transmission. C’est le petit, son copain, qui pousse et donne des coups et là, les bras m’en tombent : il l’encule ! Pas croyable… Le petit encule son compère, son compagnon de voyage, sa femme de remplacement. Pas étonnant que l’anus soit si souple s’ils s’emmanchent pendant les voyages.
Et il y va de bon cœur, pendant que l’enculé me transmet les vibrations. Ce n’est pas désagréable, si ce n’est que la masse me pousse en avant et que je dois m’appuyer sur la cabine si je ne veux pas me faire fracasser le crâne contre le métal. Esclave d’un Maître n’est pas une sinécure !
Une pause, ils font une pause ; pourtant, mon baiseur enculé n’a pas joui. Il retire son mandrin. Quel nouveau jeu ont-ils inventé ? La réponse arrive aussitôt. Il revient vers moi, mais se présente à l’autre porte. Il ne pourra pas par-là, je suis trop étroite. Il est trop gros. Je vais refuser mais une main se pose sur mon épaule. C’est Pierre qui s’est approché. Mon regard doit être celui d’une biche aux abois qui implore pitié au loup qui va la dévorer. Mais il ne fait que fermer les paupières, m’enjoignant d’obéir, accompagné cependant d’une expiration profonde. Oui, d’accord, j’ai compris : se décontracter, se relaxer, expirer. Je sais cela depuis ma première sodomie. C’est le B.A.-BA de l’enculée. Mais, la limite…
Quelque chose de froid coule sur mes fesses et dans ma raie. Le mandrin semble animé d’une vie propre. Il se promène, recueillant et concentrant la crème que j’espère onctueuse et grasse vers mon anus. Il s’immobilise. Je m’attends au pire, respire calmement, expire avec soin.
Splash. En français ou en anglais, cela veut dire que je l’ai dans le cul. Et pas qu’un peu. Totalement. À fond. Emmanchée, je suis. La bite s’est frayé un chemin dans mes entrailles. Même pas mal, comme dirait un gamin. Et c’est vrai, même pas mal. Même que… j’ai l’impression de la sentir respirer, palpiter au rythme du sang qui se précipite dans les fameux « corps caverneux ». Pour l’instant c’est ma caverne qui est pleine. Nous ne faisons plus qu’un et je sens le sexe de son copain qui recommence à le baiser.
Mon Obélix n’est plus qu’une masse de chair exacerbée qui me transmet la moindre de ses sensations. Que préfère-t-il ? Me prendre ou se faire prendre ? Moi, j’ai ma réponse. J’essaie de bouger autour de son mandrin, cherchant le contact le plus parfait. Je crois même avoir ressenti avant lui la montée de sa jouissance, le gonflement de sa verge, écartant encore plus mes parois, et les giclées de sperme qui fusent, coincées entre la verge, le latex et mes propres tissus.
Moi, je n’ai pas eu mon plaisir. Mais c’est le quotidien de la dominée, comme je l’ai entendu dire par mon Maître à ses étudiants. La jouissance ne doit être accordée qu’avec l’accord du Maître. Mais c’est à voir.
Comparés à ce premier échange, les deux autres camions qui nous ont reçus ne sont que de pâles répétitions de baises classiques.
Tard dans la nuit, ils m’ont déposée chez moi. Pierre a juste répété que je devais surveiller mes SMS et ma messagerie.
Le jeudi suivant, dans la soirée, nouveau SMS. Pas de fioritures : que des ordres, simples et concrets.
Achat robe et accessoires pour bourgeoise (suivent les coordonnées d’une boutique et d’une vendeuse).
Samedi, avec tenue, sans culotte, 11 h, terrasse café, St Nazaire (suit encore une adresse).
Emporter téléphone et écouteurs.
En tant que militaire, je reconnais une parfaite application de la stratégie graduée, appliquée à mon éducation. D’abord, seule avec le Maître. Puis avec des amis, toujours chez lui. Puis accompagnée, avec des inconnus, mais toujours sous son regard. Maintenant se profile la mission en solitaire, uniquement sous un contrôleur lointain, qui va me donner mes instructions.
Bien avant d’atteindre l’adresse indiquée, il m’a fallu traverser des zones industrielles et longer longuement le port. C’est évident que je ne vais pas me retrouver dans un quartier chic. Pourtant le café-bar-restaurant fait moins miteux que je ne craignais. La terrasse se paie même le luxe d’être plein sud. Je ne vous dis pas les regards lorsque je me m’y suis installée. Sans ma tenue de bourgeoise chic, j’aurais peut-être pu passer pour une touriste perdue auprès d’une clientèle uniquement masculine, plongée dans les journaux de PMU.
La serveuse prend ma commande. Un thé, bien sûr : il faut jouer le jeu, bien qu’un whisky soit plus approprié pour me détendre un peu. Mon téléphone sonne. C’est Pierre.
– Change de place. Recule vers la vitre, face à la terrasse.
Ainsi, il est dans le coin. Il doit me voir pour me donner des indications si précises. Je le cherche du regard. Peut-être dans une des voitures un peu plus loin. Mais il n’apprécie pas ce moment d’hésitation et sa voix tonne dans mon oreillette.
– Allez, dépêche-toi !
J’obéis, bien sûr. Toujours sous le regard des clients.
– Écarte les cuisses. Débrouille-toi pour qu’ils te voient. Il faut en attirer un que tu vas entraîner au sous-sol, dans la réserve. Quand vous aurez terminé, tu recommences. Autant de fois que je le dirai…
Placée comme je suis, trois hommes peuvent avoir une vue directe sur mon intimité. Je me tortille pour faire remonter un peu ma jupe et faciliter la vision. La serveuse qui revient ne peut pas ignorer mon manège mais elle ne dit rien. Les hommes regardent mais ne bougent pas, malgré mon exposition manifeste.
Quelqu’un se présente face à moi. Une femme, pas de la première jeunesse.
– Qu’est-ce que tu viens faire ici, la bourgeoise ? Madame vient s’encanailler avec le peuple. Son mari ne lui suffit pas. Mais je ne veux pas de cela chez moi. Si cela se trouve, tu es de la police. Cela ne serait pas la première fois que vous cherchez à me faire tomber pour proxénétisme. Allez, ouste ! Du balai !
Je vais protester mais la voix de Pierre retentit à mon oreille.
– Passe-la-moi.
Je propose mon téléphone et son oreillette à la femme qui me regarde avec surprise, mais l’accepte.
– Oui ?

– …

– Pierre, c’est toi ? Quelle surprise.

– …

– Je comprends. Que de souvenirs… Nouvelle ?… Bien sûr ! Attends, j’ai une idée ; je vais vérifier quelque chose…
Et elle part avec le téléphone, me laissant comme une cruche. Ainsi, elle connaît Pierre, et les quelques mots que j’ai entendus me font comprendre qu’elle sait son penchant.
Elle revient, toujours en conversation téléphonique.
– Tiens : il veut te parler.
Elle me rend l’appareil.
– Muriel ?

– Oui ?

– Changement de programme. Tu suis la femme et tu obéis.
Elle m’entraîne dans le bar et, passant une porte, nous arrivons dans une salle où des clients jouent au billard. Deux tables. Chacune est éclairée par un luminaire à trois globes, tellement bas que les côtés sont dans l’ombre de cette pièce aveugle. Quatre joueurs et un… non, deux spectateurs avachis dans de vieux fauteuils.
– Qu’est-ce que tu nous amènes là, Mireille ? C’est pas un club de bridge, ici ! plaisante un gros, le cigare aux lèvres et la queue – de billard – à la main.
J’imagine qu’il fait allusion à ma tenue qui me classe définitivement dans la catégorie « bourgeoise » ; donc : thé, petits gâteaux et bridge.
– Ah, Gégé, toujours aussi drôle ! Plaisanter, c’est bien ; mais assurer, c’est mieux.

– Hé, la patronne, personne ne peut se permettre de… Attends, attends… Tu veux dire…

– Tu as tout compris : Madame cherche des hommes, des vrais. C’est son mec qui l’envoie. Je lui ai promis que vous sauriez vous montrer à la hauteur. Mais ne vous fiez pas à son air de sainte nitouche. Je connais bien son homme : il sait choisir ses femelles. La barre est haute.
Et, faisant demi-tour :
– Ah, très important : pas de v******es, et elle peut refuser. Hé, Abdou, il paraît que tu en a une belle ! C’est le moment. J’ai même pris des XXL.
Et, avant de partir, elle jette des boîtes sur le billard.
Tout le monde est silencieux ; personne ne bouge. Ils ne semblent pas réaliser la situation. Moi non plus, d’ailleurs. Un instant, je projette de m’enfuir. Pas la peur du sexe, non : j’ai maintenant franchi la barre, celle qui fait que chaque expérience fait espérer quelque chose de nouveau, quelque chose de plus violent dans l’orgasme, dans la découverte des limites de son propre corps. Non, la peur du nombre.
Trop tard. Il est trop tard pour reculer : Gégé est près de moi.
Il fait le tour comme on examine un cheval, un bœuf, une vache au marché aux bestiaux. Son mauvais cigare sent fort. Son haleine me poursuit. Où suis-je tombée ? Les deux hommes avachis dans les fauteuils jouent dans la catégorie « retraités ». Parmi ceux qui jouaient au billard, seul l’Abdou doit avoir mon âge. Grand, fort comme un docker, noir comme la nuit, voilà un garçon qui peut faire peur ou rêver, c’est selon. Les trois autres sont comme ce Gégé. Entre deux âges ; pas gros, pas difformes, non : enveloppés.
– Et elle s’appelle comment, la bourgeoise ? demande le maquignon.

– Muriel.

– Eh, Muriel…On peut voir ? dit-il en relevant doucement ma jupe avec la queue de billard.
Mais le tissu est trop ajusté et il n’arrive pas à ses fins.
– Allez, montre-nous. Ne fais pas ta timorée.
Vous savez ce qui me surprend le plus ? Ce n’est pas sa demande pressante. Non, c’est sa façon de le dire. « Ne fais pas ta timorée. » Comme quoi, la langue française n’est pas perdue pour tous. Non : il reste des villages qui résistent aux SMS et ils ne sont pas là où on le pense, dans les quartiers chics qui ont déjà basculés dans le numérique.
Une demande de cet ordre se doit d’être respectée. Avec tout le cérémonial nécessaire, je soulève doucement ma jupe et ils découvrent mon entrecuisse largement offert. Un murmure. Non, tout de même pas ? Ils ont déjà vu des chattes, et certainement de plus belles, de plus fournies, de plus généreuses. Mais peut-être seulement dans l’intimité d’une chambre, ou à l’arrière d’une voiture ; pas comme aujourd’hui, celle d’une femme vêtue comme une bourge qui vient s’encanailler au port et qui s’offre à eux.
– Le reste. Enlève le reste ! exige Gégé que la découverte engaillardit.
Je prends mon temps. Je leur offre un strip-tease digne d’une effeuilleuse professionnelle. Il ne manque que la musique. La veste. Le chemisier. Le soutien-gorge. La jupe. Le porte-jarretelles. Les bas. Tout se retrouve au sol.
Pendant ce temps, ils se sont rapprochés, formant un cercle, si près que maintenant ils me touchent comme pour se persuader que je ne suis pas un mirage, poupée de leur fantasme.
Six ; oui, tous les six sont là. Heureuse d’avoir éveillé leur libido, mais inquiète de ces six h

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