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Une leçon d’amour

Une leçon d’amour



Bloqué au barrage de police, Mohsen ne peut plus avancer. La sacoche de son ordinateur suspendue à son épaule, Sabri lui fait une dernière bise puis, tout en lui jetant un coup d’œil, présente son passeport et son billet d’enregistrement à un jeune agent qui surveille l’accès à l’espace voyageurs. Deux secondes après, Sabri disparaît derrière la paroi rigide, et Mohsen reste immobile encore une minute, réfléchissant à ce qu’il pourrait bien faire du reste de son dimanche. Il décide alors de revenir à son appartement de banlieue, qu’il partageait avec Sabri, de faire un peu de jardinage chez madame Nataf, la propriétaire, puis préparer un couscous et lui emmener une bonne assiette.

Il est vrai que cela fait plus de deux mois qu’il n’a pas fait de couscous, parce qu’il y avait toujours un empêchement, et puis il a été tellement occupé les derniers mois par ses travaux de thèse en informatique, qu’il s’était résigné à manger les cochonneries des restaurants universitaires. D’ailleurs, en ajustant son pantalon, il se rend compte combien il a maigri, et se dit qu’il est temps de reprendre un peu de forces. C’est la fin du mois de mai et il commence à faire vraiment beau, avec de longues journées ensoleillées. Il pourra se prélasser sur une chaise longue avec Madame Nataf, dans son petit jardin, évoquant divers petit sujets, et mangeant les petits mets qu’il aurait préparés, comme il l’avait fait l’année dernière avec Sabri.

Dans le RER, Mohsen pousse dans ses oreilles les écouteurs de son baladeur MP3, et s’enfonce profondément dans un siège, le coude appuyé sur le rebord de la fenêtre, les yeux mi-clos. Il écoute « Les ruines », la plus belle chanson d’Oum Kalthoum qui, pour une raison qu’il connaît bien, le fait vibrer en entier. Il l’avait tellement écoutée avec Nadia, lorsqu’il était au lycée, à la sortie des cours. Ils avaient un ancien baladeur avec cassette, ils mettaient un écouteur dans l’oreille de chacun, à l’abri sous un cyprès entre les ruines de Carthage, ou en se baladant sur la corniche de la Marsa par temps d’hiver où il n’y avait personne, à part la mer houleuse, les mouettes, et la brume des jours sans soleils. Il répète silencieusement le refrain.

Et quand les amants s’ignorent
Et qu’on se rencontre comme des étrangers
Et que chacun emprunte son chemin
Ne dites pas : nous avons voulu, mais dites
C’est l’amour qui l’a voulu ainsi
C’est l’amour qui l’a voulu ainsi
C’est l’amour qui l’a voulu ainsi.

Ces tristes paroles, à l’époque, les faisaient résonner de concert, alors qu’ils se touchaient les mains et qu’une onde circulait entre eux. Et lorsque, à la fin du refrain, Oum Kalthoum, de toute son exceptionnelle force vocale, répétait « C’est l’amour qui l’a voulu ainsi », Mohsen ne pouvait plus bouger, il s’immobilisait, transi, serrant la main de Nadia, et il devait attendre quelques secondes après la fin du refrain pour pouvoir remuer à nouveau ses jambes. Ils pensaient alors que ce qu’elle chantait ne leur arriverait jamais, ils étaient convaincus qu’ils étaient unis pour la vie et que rien, absolument rien au monde, ne pouvait les séparer. Ils avaient à peine quinze ans chacun. Et ils avaient tort.

Mohsen fait une escale à Bobigny pour acheter un kilo d’agneau et des légumes dans un magasin halal, puis rentre à son appartement, à l’étage d’une villa. Ce n’est pas très pratique au niveau transports, car pour s’y rendre, il faut prendre un bus à partir de la gare, puis faire un bon quart d’heure à pieds, mais c’est une bonne affaire pour deux étudiants étrangers à Paris, dans un petit hameau calme et verdoyant. Ce n’est pas très cher par rapport à ce qu’on trouve habituellement en région parisienne, et ils ont une entrée particulière, ce qui leur permet de se déplacer et de recevoir leurs amis en toute intimité. L’étage est constitué d’un petit salon à l’entrée, d’un couloir, de deux chambres, d’une petite cuisine et d’une salle d’eau, qui fait douche et toilette. Un grand placard court tout le long du couloir, tellement grand qu’un homme comme Mohsen pourrait facilement coucher dedans.

Madame Nataf, qui habite le rez-de-chaussée, a accepté de leur laisser ses meubles, un canapé et un fauteuil en velours, défraîchis, les lits dans les chambres et l’équipement de la cuisine. La condition, morale plus que contractuelle, conclue avec le fils de Madame Nataf, médecin à Marseille, était de s’occuper quelques fois du jardin, de faire les courses de l’octogénaire une fois par semaine, et d’appeler le fiston si elle a un malaise.

Dans les faits, ils sont les vrais occupants du jardin quand il fait beau, et madame Nataf, qu’ils trouvent fort sympathique, ne sort jamais de sa maison sauf parfois pour leur tenir compagnie. La première fois qu’ils lui ont emmené un plat de couscous, elle était tellement émue qu’elle eut du mal à trouver assez de mots pour les remercier puis, quelques jours après, elle leur offrit une bouteille de bon vin en retour. Depuis, ils lui ramènent régulièrement des plats, lorsqu’ils arrivent à cuisiner chez eux, tandis qu’elle leur offre de ce que lui ramène son fils de Provence : du vin, du fromage, du jambon de pays.

Après une petite pose, Mohsen met le couscous à cuire et descend faire un petit tour dans le jardin. Madame Nataf l’a vu par sa fenêtre, et l’a appelé aussitôt,

— Je n’ai pas vu Monsieur Sabri aujourd’hui, s’inquiète-t-elle.
— Tôt ce matin, nous sommes allés à l’aéroport de Roissy, Il est parti pour trois mois à Huston, au Texas, lui répond Mohsen, il fait des travaux à l’université, là-bas, cela fait partie de sa thèse.
— Ah bon, dit Madame Nataf vaguement, comme si elle ne comprenait pas l’utilité du voyage, il faudra bien arroser, continue-t-elle, cela fait plus d’une semaine qu’il n’a pas plu.

Mohsen commence à ramasser les feuilles mortes et à sarcler les mauvaises herbes, alors que les trois chats de Madame Nataf viennent se vautrer au soleil à ses pieds. Puis, d’un petit débarras dans un coin, il sort un sécateur et se met à tailler les ibiscus qui entourent le jardin de trois côtés. Il enlève avec peine les branches mortes à l’intérieur des ramures, et tente, tant bien que mal, de tailler le feuillage extérieur comme un mur. De temps à autre, il remonte à la cuisine surveiller le couscous puis, à la fin, il donne un petit coup d’arrosage aux rosiers, aux arbustes, et à l’arbre solitaire qui trône au milieu, un vieux chêne qui fait une grande ombre. Cela lui a pris un peu moins de deux heures en tout, exactement le temps de cuisson de la viande et de la semoule à feu doux. Un peu plus tard, il déjeune avec Madame Nataf dans le jardin, sur une petite table en bois, en jetant des petits morceaux de viande aux chats qui se les arrachent en miaulant aigrement et en sortant leurs griffes.

—oooOOOooo—

Au milieu du mois de Juin, Mohsen reçoit un message de Sabri. Il lit :

« Je t’écris pour une nouvelle que je viens d’apprendre. Ma tante Fatma vient à Paris samedi prochain, elle doit passer des examens médicaux poussés qui ne peuvent pas se faire à Tunis. Si j’ai bien compris, elle a une maladie embêtante, mais elle n’a pas voulu me dire quoi. Elle sera accompagnée par ma petite sœur Salima, que t’as déjà rencontrée lorsque tu es venu me voir chez mes parents, l’été dernier. Elles vont passer trois ou quatre semaines dans ma chambre. Tout ce que je te demande, c’est de faire attention à elles, de les accueillir à l’aéroport, de leur montrer comment elles peuvent se débrouiller au début. Et puis, si possible, d’aider ma tante dans ses démarches, si elle en a besoin. Tu verras, elles sont bien autonomes, bien que ce soit la première fois qu’elles se retrouvent à l’étranger.
Salima t’écrira pour te donner l’heure d’arrivée de leur vol.
Je sais que tu as pas mal de travail, mais j’espère que cela ne va pas te gêner énormément, et n’hésite pas à me faire signe s’il y a le moindre pépin.
En ce qui concerne Salima, je te confie la personne que j’aime le plus au monde, alors considère-la comme ta propre sœur.
Sabri. »

À Orly, devant la porte de sortie des voyageurs, Mohsen reconnaît tout de suite Salima qui tire derrière elle une grande valise. Elle est brune, de taille moyenne, avec de longs cheveux qui lui descendent sur les épaules, et elle a un air de ressemblance avec Sabri, probablement les grands yeux noirs et le petit nez, étroit et droit, comme la trace d’une pincée sur le sel. Elle porte un chemisier blanc et un jean, et a l’air contente de se trouver à Paris. À côté d’elle, une grande dame blanche, très mince, flotte dans une robe bleue en coton délavé qui lui arrive aux genoux, avec des cheveux châtains mi-courts, retenus en arrière par une épingle. Elle a un certain âge, mais paraît fraîche et belle. Elle est souriante aussi, et elle échange avec Salima quelques paroles.

Dans le taxi qui les ramène à l’appartement, ils font connaissance. Salima est étudiante en sciences naturelles à la faculté de Tunis, et Fatma enseigne le français dans un collège à Tunis. Elle a une fille de quinze ans, et son mari est cadre supérieur dans un ministère. Elles ne disent pas un mot sur la maladie de Fatma, et Mohsen n’ose pas poser la question bien qu’elle lui trotte par la tête.

— C’est marrant, dit Mohsen à Fatma, enseigner le français pendant plus de vingt ans sans jamais être venue en France !
— J’ai jamais eu l’opportunité, dit Fatma, j’ai manqué le voyage plusieurs fois, il y avait toujours un empêchement de dernier moment, c’est un manque de bol. Et puis mon homme est casanier, à peine va-t-il dans la banlieue de Tunis, et uniquement lorsqu’il y est obligé.
— C’est vraiment dommage.
— Oh, ça me va, on est bien à Tunis, tu sais, dit Fatma avec un soupir, mais j’ai hâte de voir la tour Eiffel, le Louvre, le musée d’Orsay, la basilique Saint-Denis, la maison de Victor Hugo, place des Vosges et plein d’autre choses… la résidence de Chateaubriand à la Vallée des Loups.
— À ce que je comprends, tu connais mieux Paris que moi, dit Mohsen, légèrement épaté, je me ferai un plaisir de vous accompagner.
— Surtout ne vous gênez pas, nous savons que vous êtes très pris pour votre dernière année de thèse.
— Non, pas du tout, au contraire, dit Mohsen, vous m’ouvrez les yeux.

Ils continuent à bavarder alors que le taxi s’enfonce dans les embouteillages parisiens, en direction de la banlieue nord. Il est vrai qu’il aurait été plus pratique pour Mohsen que le vol atterrisse à Roissy. Pendant ce temps, Mohsen sent monter en lui une certaine chaleur, qui provient du bras de Salima qui est collé au sien. Crispée, légèrement émue, elle n’a parlé que rarement, de manière très brève, uniquement lorsqu’on lui demandait ce qu’elle pensait. Mohsen s’en est aperçu rapidement, et pensait que c’était l’immensité de Paris qui l’accablait, comme c’avait été son cas lors de son premier séjour. Mais il finit par se douter que c’était sa présence qui la mettait mal à l’aise, et il a pensé plusieurs fois écarter son bras, mais quelque chose le retenait, lui aussi.

Dès qu’ils sont à l’intérieur, vers dix-huit heures, Salima s’écroule sur un fauteuil et sort un paquet de cigarettes.

— On peut fumer ici ? demande-t-elle à Mohsen.
— Bien évidemment, je t’apporte un cendrier.
— T’en veux peut-être une ?
— Non, merci, j’ai arrêté de fumer.

Fatma se met sur le canapé, et prend une cigarette à Salima. Elles se mettent à fumer calmement, à grandes bouffées, tandis que Mohsen, après avoir ouvert la fenêtre pour aérer le salon, s’enferme dans sa chambre quelques minutes. Il se sent nerveux et tente de comprendre l’émotion qu’il a ressentie dans le taxi, et il se serait embrouillé dans ses sentiments confus s’il n’avait entendu les filles pousser leurs valises dans la chambre de Sabri. Il sort alors au salon, et se demande ce qu’ils vont pouvoir manger ce soir. Fatma sort la première, changée dans un vêtement de coton plus confortable.

— Que voulez-vous manger ce soir, lui demande Mohsen, j’ai fait les courses, il y a de tout.
— J’ai amené un loup de mer de deux kilos, lui dit Fatma.
— Un loup qui a fait le voyage en avion, t’as dû effrayer tout le monde ? s’exclame Mohsen.
— Oui ! je l’ai étouffé auparavant, dans un sac hermétique, bien évidemment.
— Cela doit être délicieux !
— Tu le veux au four ?
— Bien évidemment.
— Il me faut un peu de poudre de piment rouge, deux tomates, et deux pommes de terre.
— Il y a de tout, sauf le sel et le poivre.
— Tu plaisantes !
— Bien évidemment, je vais t’aider.
— Ah non, je m’en occupe avec Salima, on t’a déjà pris trop de temps, dit Fatma, avec détermination.
— Oui, rajoute Salima qui vient de sortir de la chambre de Sabri, avec un débardeur et un short en jersey, un petit ensemble coquet qui ceinture les petites rondeurs de son corps, je vais t’aider tante.
— D’accord, je vois que je suis battu. N’oubliez pas une portion pour madame Nataf, la propriétaire.
— Oh, c’est vrai, dit Fatma, il faudra qu’on fasse connaissance d’ailleurs.
— Bien évidemment, tout à l’heure, en lui amenant le poisson.

Mohsen revient dans sa chambre et tente de revenir à ses dossiers de thèse. Mais devant son ordinateur, il se retrouve en pleine déconcentration, ce qui lui arrive rarement. Au bout d’une demi-heure, alors qu’il sent l’odeur du poisson filtrer dans sa chambre, il va rejoindre les filles dans le salon. Elles se remettent à fumer, gracieusement, ce qui lui donne envie de reprendre une clope, mais il finit par résister.

Le dimanche, les filles prennent le petit déjeuner chez madame Nataf, qui a tenu ferme à les remercier du poisson de la veille. Puis elles s’en vont faire un tour à Paris, alors que Mohsen passe sa matinée avec ses études, mange à une heure le reste du poisson, puis s’occupe du jardin et retourne en milieu d’après-midi à son ordinateur. En rentrant, les filles amènent un poulet rôti pour le dîner, car elles sont épuisées, sans doute à cause des dizaines de kilomètres de marche dans Paris.

Passe une semaine où ils ne se croisent que le soir, quand Mohsen revient de son laboratoire, tard la nuit. Il les trouve généralement au salon, en train de fumer ou de regarder la télé, en pyjama. Il discute avec elles une demi-heure, tout au plus, avant de s’éclipser dans sa chambre pour dormir, effondré par les transports et la concentration continue. Il lui arrive de croiser le regard de Salima, toujours aussi douce, avec un subtil reflet, mais il n’arrive pas à revivre l’émotion du premier jour. Il croit qu’elle s’était effritée d’elle-même, et que ce n’était qu’un éclair passager qui s’est apaisé.

—oooOOOooo—

Le lundi d’après, lorsqu’il ouvre la porte de l’appartement, Mohsen trouve Salima en train de fumer, la télé est éteinte. Il fait attention au cendrier qui est plein, et il lui apparaît clairement qu’elle n’est pas à l’aise. C’est la première fois qu’il se trouve en tête à tête avec elle, Fatma, ayant ce jour-là commencé son traitement dans une clinique privée à Paris. En rentrant elle était épuisée, et elle s’était couchée aussitôt.

— Tu vas bien, Salima, lui dit-il dès l’entrée.
— Oh, fait-elle vaguement, sans le fixer.
— Et Fatma ?
— Je ne sais pas, elle est épuisée, elle dort.
— Qu’est-ce qu’elle a, en fait ?
— Tu le sauras un jour, je lui ai juré de ne pas te le dire. Il faut lui poser la question.
— Je n’ai pas osé, j’ai pas voulu violer son intimité.
— Je pense que tu peux lui poser la question, tu la connais assez maintenant, mais je ne sais si elle va te répondre.

Il se met sur le canapé à côté d’elle, alors qu’elle allume une autre cigarette. Ils se regardent un instant en silence.

— Tu as eu des infos de Sabri ? dit Mohsen.
— Il m’a écrit un message, il demande des infos sur tante Fatma.
— Il est au courant ?
— Non plus, c’est un secret de femmes !
— Et son mari alors ?
— Je ne sais pas, il se peut qu’il ne connaisse pas tout ce qui lui arrive.
— C’est bizarre !
— Oui, c’est une affaire de famille. En fait, ils ne vivent presque plus ensemble. Ils sont toujours mariés et ils habitent la même maison, car ils sont tous les deux attachés à leur fille, mais à part ça, je pense que cela fait des années qu’ils ne se sont pas touchés.
— Ah !
— Beaucoup vivent ainsi chez nous, tu sais, plus que tu ne le penses. L’homme ne veut pas abandonner ses enfants, et la femme ne veut pas se retrouver divorcée, ce qui est très mal vu par la société.
— Je sais.

En parlant, Salima s’était rapprochée de Mohsen, et a commencé à l’effleurer. Mohsen commence à revivre l’émotion du taxi, et se trouve confus. Il commence à comprendre ce qui lui arrive. En fait, il pense à Sabri, et il considère Salima comme sa petite sœur. Il ne la voit que comme une petite sœur, belle et mignonne, bien qu’elle porte une petite jupe et qu’elle n’arrête pas d’écarter les jambes. Elle doit être de sept ou huit ans sa cadette, elle est douce et fraîche, encore pleine de candeur et de bonnes intentions. Mais le contact de sa peau le fait frémir, et il sent que son sexe commence à durcir. Ils plongent alors dans un silence pesant, et il manque un instant de l’enlacer, mais il pense encore à Sabri, et se lève brusquement pour aller dans sa chambre, la laissant en complète déroute.

Le lundi d’après, Fatma doit passer la nuit à la clinique, pour des examens poussés. En se quittant le matin, Mohsen lui souhaite bonne chance, toujours sans oser lui demander l’origine de ses souffrances. En entrant le soir, il trouve Salima chez madame Nataf, qui lui a offert une infusion à la menthe. Elle a mis un ensemble qu’elle vient d’acheter, avec une toute petite jupe, des bretelles et un nombril en l’air. En plus, elle est soigneusement coiffée et maquillée, et exhale un parfum envoûtant. Elle boit sa tasse nerveusement, avec les mains qui tremblent, alors que madame Nataf la complimente sur sa beauté. Mohsen s’installe à leur côté, en silence, attendant que Salima achève d’avaler le chaud liquide, et en quittant l’octogénaire, cette dernière n’a pas pu s’empêcher de soupirer, et de faire un clin d’œil à Mohsen.

— Tu es bien coiffée aujourd’hui, dit Mohsen à Salima, une fois à l’étage.
— Oh, merci, c’est gentil, lui répond-elle, de plus en plus émue.
— Où as-tu été ?
— À Paris, cela m’a coûté trente euros !
— Une petite fortune !
— Je sais, mais je l’ai fait pour toi, tu ne le sens pas, dit-elle franchement, se campant sur ses jambes et battant des bras, désabusée de sa froideur.
— Oh, si, bien sûr que si, Salima, dit Mohsen, embarrassé.
— Embrasse-moi, dit-elle, en fermant les yeux.

Mohsen marque un silence, se trouve confus, avec l’envie de la croquer, et les mots de Sabri qui lui tapent à l’oreille.

— Assieds-toi, avant, Salima.

Elle se met sur le canapé, il se jette sur le fauteuil, pour l’éviter. Elle sort une cigarette et se met à la fumer, il lui demande une, elle lui en offre, et tous les deux, presque en concert, projettent la fumée en se regardant.

— Je ne te plais pas, dit Salima.
— Tout au contraire, Salima, tout au contraire.
— C’est Sabri alors, tu penses à Sabri, dit-elle, en soupirant et en ouvrant les jambes.
— Oui, c’est Sabri, dit Mohsen, c’est comme mon frère, et tu es ma sœur, dit Mohsen lentement, en fixant longuement sa culotte.
— Cela n’a rien à voir, il sera ravi s’il trouve que nous nous aimons.
— Oui, c’est vrai, mais pas dans cette situation.
— Il n’en saura rien, et puis si tu m’aimes vraiment, ce n’est pas grave.
— Justement, qui te dit que je t’aime vraiment ? Ça ne fait que quelques jours que je te connais.
— Mais moi je t’aime, dès que t’ai vu, je t’ai aimé, et Sabri m’a raconté plusieurs choses sur toi, dit-elle en soufflant la fumée. Et puis je vais tout te dire, pour te montrer que je suis sincère, j’avais un petit ami, un jeune de la fac, que j’ai laissé tomber depuis que je t’ai vu. Le malheureux court toujours derrière moi, mais il ne me fait plus aucun effet.

Salima prend une dernière taffe de sa cigarette, l’écrase doucement dans le cendrier, puis se lève gracieusement, enlève son débardeur, laisse voir ses seins opulents, droits et plus blanc que sa peau, avec des mamelons roses.

— Arrête Salima, arrête, tente de dire Mohsen.

Mais Salima s’est assise sur ses genoux, et lui a pris la bouche dans la sienne. Malgré lui, sa main épouse ses seins, les pétrit, et caresse les mamelons.

— Tu vois que tu es dur.
— Je durcis rapidement, il est vrai, mais est-ce que tu es sûre…

Elle enfonce à nouveau sa langue dans sa bouche, et l’empêche de parler.

— Tu veux que je te suce ? lui dit-elle.

Il marque un silence, en l’observant droit dans les yeux.

— C’est ce que je faisais à mon petit ami pour le soulager, j’ai l’habitude, tu vas voir.
— Euh, pourquoi pas, dit-il après une petite réflexion.

Elle se met à genoux et sort son sexe du pantalon, puis elle y colle ses lèvres, doucement. Elle parcourt son sexe avec sa langue, puis soufflote dessus, comme pour le chatouiller, et l’enfonce dans sa bouche et fait des va-et-vient, doux et lents. Rapidement, étouffé par la chaleur qui enveloppe sa verge, il se sent venir.

— Attention, j’arrive, lui dit-il.

Elle s’écarte, et recueille son sperme dans ses mains.

— Veux-tu qu’on le boive ensemble, lui fait-elle, en aspirant quelques gouttes avec sa langue.
— Je ne pense pas que je sois prêt pour ça, dit-il, avachi sur le fauteuil.

Salima va s’essuyer les mains, puis revient fumer une cigarette, assise par terre, entre ses pieds.

— Dis-moi tout sur ton petit ami, lui dit-il, en passant les doigts entre ses fins cheveux noirs, comme un peigne.
— Oh, c’était un amour de jeunesse. Je l’ai connu en terminale et nous avons été ensemble à la faculté. Il vient d’une famille très aisée, tu sais, ses parents sont divorcés et il n’a qu’une sœur. Il m’emmenait souvent chez sa mère, elle avait une grande villa avec piscine, toujours vide. Alors on se baignait et on s’embrassait, personne ne nous surveillait.
— Et pourquoi tu l’as quitté alors ?
— Plusieurs choses, dit-elle, en soufflant de la fumée, il s’est montré très jaloux. Il ne supportait plus me voir avec un autre garçon, à la faculté ou ailleurs. Il a été violent avec plusieurs garçons de la fac, du coup les gens se sont mis à m’éviter. Je commençais à avoir une mauvaise réputation. À chaque fois, il comprenait son erreur et se repentait, mais quelques semaines après il redevenait plus jaloux et plus méchant, et puis il a voulu me battre plusieurs fois, il me poussait violemment, puis il s’excusait et pleurait. Voilà, à la fin j’en ai eu marre, et j’avais peur aussi.
— Et moi, alors ?
— Quand je t’ai vu, j’ai rompu définitivement avec lui, je ne sais pas pourquoi, et pourtant, je n’espérais pas grand-chose avec toi, jusqu’à ce voyage.

Salima écrase sa cigarette, puis se remet debout et s’assoit sur les genoux nus de Mohsen. Elle prend son sexe dans une main, l’écrase tendrement entre ses doigts, et commence à le branler pour lui redonner de la vigueur. Mohsen, lorsqu’il s’est senti frémir à nouveau, écarte les cuisses de Salima, et y met ses doigts.

— Doucement, lui dit-elle, il faut me préparer pour ça.
— Te préparer ? lui dit-il, avec étonnement.
— Oui, Chéri, je suis encore vierge.
— Vierge ? pourtant t’avais un copain.
— Je l’ai jamais laissé faire, je le soulageais à la main ou à la bouche.
— Ah bon !

Une demi-heure après, la queue de Mohsen est toujours flasque. Elle n’a pas voulu se raidir depuis qu’il a appris la virginité de Samia. Les image de Sabri, le tenant comme son frère et lui confiant sa sœur, qu’il avait réussi à dégager un moment, lui revenaient sans cesse et augmentaient sa transpiration et les battements de son cœur. Salima a tenté ce qu’elle pouvait avec ses mains et avec sa bouche, avant d’abandonner et de se confondre en pleurs, il sentait ses chaudes larmes sur son bas-ventre.

— Tu es jeune Salima, pourquoi tu pleures ?
— Tu ne m’aimes pas assez, c’est pourquoi je pleure.
— Je ne veux pas te mentir, Salima, je ne suis pas certain de mes sentiments envers toi, c’est pourquoi je ne veux pas te faire de mal.
— Moi, je t’aime, dit-elle, en allumant une cigarette.
— Je ne suis pas si sûr Salima, mais nous ne sommes pas pressés, hein, laissons le temps faire son travail, faisons plus connaissance, dans un ou deux ans, tu auras eu ta licence et moi mon doctorat, et si l’on réussit à s’aimer, on se mariera.
— Salaud, lui dit-elle en éteignant sa cigarette à peine entamée, tu es un vrai salaud.

Elle se lève, et entre dans sa chambre, en laissant son paquet de cigarettes. Mohsen va chercher une bouteille de whisky bien cachée dans le placard, cela fait plus d’une année qu’il n’en a pas pris, il ne sait même pas s’il est encore buvable (il l’est). Il allume la télévision, se verse un verre qu’il ingurgite sec, puis un deuxième. Se sentant enfin distrait, et sa tête n’est plus gorgée d’eau, il allume une des clopes de Salima et la porte à sa bouche, puis il la fume doucement en regardant la télé.

—oooOOOooo—

Il ne reste plus que quelques jours avant le départ des filles, et Mohsen commence à envisager cette date comme un cauchemar. Salima doit passer une nuit avec une copine à elle à Rouen, elle prévient Mohsen qui, pour lui permettre, demande l’avis de Sabri, et ce dernier lui répond par son accord, tout en le pinçant légèrement pour son extrême rigueur. Après avoir accompagné Salima à la gare, il prend un bateau mouche avec Fatma, puis ils déambulent sur les quais de Seine, le temps qu’elle lui raconte tout ce qu’elle avait visité à Paris, avec une précision d’orfèvre, avant d’entrer dans une brasserie sur la place Saint-Michel. Elle continue à lui raconter son séjour avec enthousiasme, avec des détails poignants. Elle est en pleine forme, est-ce l’effet de ses traitements ?

— Tu sais que Salima t’aime, lui dit-elle, après avoir goûté son café au lait.
— Elle me l’a dit, mais je ne sais pas si elle maîtrise vraiment ses sentiments.
— Il est vrai qu’elle est encore jeune et fougueuse, mais si tu veux te fier à l’instinct d’une femme, je pense qu’elle t’aime vraiment.
— Pourtant je suis vieux pour elle, je suis plus âgé que Sabri.
— Tu sais que l’âge a peu d’importance en amour, surtout pour les hommes.
— Oui, c’est vrai, fait Mohsen en ingurgitant une gorgée de sa bière, mais je me méfie toujours.
— Tu sens quelque chose envers elle ? lui dit Fatma, droit dans les yeux.
— Justement, parfois je sens des choses, parfois non, et puis je ne sens pas toujours la même chose, et je n’arrive pas à démêler tout ça.
— Il faut vraiment te fier à ton intuition, Mohsen.
— Il me faut du temps.
— Prends ton temps, mais sache que son petit cœur t’attendra longtemps.
— Combien ?
— Oh, tu me pose une colle, dit-elle en ricanant, un ou deux ans, plus peut être.
— C’est tout ? fait-il, l’air fâché.
— Arrête tes mauvaises plaisanteries, j’espère bien qu’elle ne t’attendra pas jusqu’à la fin de sa vie, alors que toi tu aurais fait la tienne et que t’aurais enfanté une tribu.
— Avec quatre femmes !
— Si tu veux ! Mais déjà t’es pas capable d’en aimer une !
— Oh tu exagères.
— C’est vrai, dit-elle avec un grand sourire d’ange qui laisse Mohsen admirer ses belles dents blanches, parfaitement alignées.

Ils se taisent quelques minutes, en observant la foule des passants, des étudiants pour la plupart.

— On t’a déjà dit que tu es belle, je suppose, dit Mohsen à Fatma.
— Oh, je ne sais plus, répond-elle, surprise par cette question à laquelle elle n’avait jamais pensé.
— Ben, je te le dis !
— Cela ne m’a pas trop servi, tu sais.
— Mais tu l’es.

Elle se tait un moment, les yeux baissés sur la table, puis achève de boire sa tasse d’un trait.

— Partons, s’il te plaît, dit-elle.

Elle paraît bien émue, ce qui donne des regrets à Mohsen.

— Je t’ai peut-être blessée, lui dit-il.
— Non, t’es fou, on ne blesse jamais une femme en lui disant qu’elle est belle. Juste que je suis émue, c’est certainement l’âge.

Ils rentrent à l’appartement calmement, en marchant à pied pendant une heure à partir de la gare, et elle continue à lui raconter ce qui l’a épatée dans Paris. Une fois rentrée, Fatma met un ensemble chemisier jupe en jersey ou en soie, jaune clair, confortable et classe, et laisse tomber libres ses cheveux châtains, qui lui arrivent à l’épaule. Mohsen la trouve plus belle ainsi, et renonce à le lui déclarer. Ensemble ils préparent du poulet au four, puis ils le mangent dans le salon. Quand ils terminent, il est presque vingt heures, il fait jour encore, trop tôt pour se coucher.

— Je vais porter un morceau à Madame Nataf, dit Mohsen en se levant.
— Non, je vais le faire moi-même, et puis je vais lui dire adieu, peut-être que je ne la verrai plus avant de partir.

Il replonge sur le canapé, alors qu’elle se lève doucement, en baissant sa jupe qui s’était légèrement relevée. La lumière rouge du soleil couchant, venant de la fenêtre, la frappe de plein de fouet, et éclaire d’une onde chaude les trames de son chemisier, ainsi que son visage et ses cheveux. Jamais Mohsen n’avait vu une femme aussi belle.
En retournant à l’appartement, elle trouve Mohsen avec un violon. Il tente de l’accorder avec apparente difficulté.

— Oh, lui dit-elle, tu fais de la musique.
— Un tout petit peu, lui dit-il, vraiment un tout petit peu.
— Bon, qu’est-ce tu vas me jouer, dit-elle en se mettant sur le fauteuil, d’un ton ravi.
— De l’arabe, Oum Kalthoum essentiellement.
— Oh, j’adore, dit-elle, vas-y !

Il achève d’accorder le violon, sans être certain, puis se met à jouer l’ouverture de « Tu es ma vie ». Fatma écoute admirative, puis commence à fredonner la mélodie, avant de se mettre à chanter.

On m’a questionné sur mes jours anciens
Ils m’ont appris à regretter le passé et ses blessures
Ce que j’avais vécu avant de te voir avec mes yeux
C’était des jours perdus
Comment peuvent-ils les mettre à mon compteur

Pendant ce temps, Mohsen a arrêté de jouer, parce qu’il s’est trouvé fort ému, d’autant plus qu’il ne savait bien jouer que l’ouverture.

— Bravo, lui dit-il, bravo, tu as vraiment une très belle voix.
— Est-ce que tu aurais une cigarette ? dit Fatma.
— Non, je piochais chez Samia.
— Et de l’alcool ?
— Oui, du Whisky ?
— Parfait !

Il va chercher le whisky, alors qu’elle ramène un paquet de cigarette de la valise de Samia. Ils se mettent sur le tapis, par terre, et ils fument deux cigarettes d’affilée, en buvant deux verres chacun, puis Fatma prend le violon, l’accorde habilement sous l’œil étonné de Mohsen.

— Qu’est-ce que tu veux que je te joue, lui dit-elle.
— Oum Kalthoum, au début.
— « Les ruines » ?
— Non, cela me fera trop d’émotions, laissons-la pour la fin.
— D’accord.

Elle enchaîne quatre ouvertures d’Oum Kalthoum : « Une nuit d’amour », « Tu te souviens encore », « Mille et une nuits », « Les quatrains de Khayyem ». À la dernière, elle se met à chanter.

J’ai entendu une voix envoûtante qui vient à l’aube,
Appeler depuis l’inconnu les gens qui dorment
Réveillez-vous, et remplissez la coupe de la vie
Avant que la main du destin ne remplisse la coupe de la mort

Mohsen ne peut s’empêcher de danser, en buvant, et en applaudissant. Puis Fatma enchaîne avec des classiques tunisiens : « J’ai rencontré deux vierges », « Porte ma lettre à Djerba », « Mon oncle m’a échangée », et plein d’autres, jusqu’à ce que Mohsen, resté debout à danser, n’en puisse plus et s’écroule par terre, mettant sa tête sur les genoux de Fatma. Elle arrête de jouer et prend un autre verre, puis ils fument une clope ensemble, en se l’échangeant après chaque taffe. Enfin ils se regardent pendant longtemps, sans dire un mot.

— Tu veux qu’on… dit Mohsen doucement, hésitant, les nerfs émus, en posant une main sur la cuisse de Fatma, sans oser terminer sa phrase.
— J’en ai envie, dit-elle calmement, sans paraître embarrassée, oui, j’en ai vraiment envie, mais est-ce que cela se fait ?
— Oui, lui dit-il en l’enlaçant.

Elle s’abandonne entre ses bras, tout naturellement, enflammée, pleine de désir. Mohsen la prend dans ses bras et l’emmène dans sa chambre, l’allonge sur le lit, lui enlève ses vêtements, et arrivé à sa culotte, elle l’arrête.

— Je ne sais pas, dit-elle, personne ne m’a jamais enlevé ma culotte, et imaginer que quelqu’un de vingt ans plus jeune que moi puisse le faire, je trouve ça bizarre… oui… bizarre… laisse-moi réfléchir.
— D’accord, en attendant je me déshabille.

Mohsen se met à nu, ne gardant lui-même que son slip.

— On fait un échange, lui dit-il, j’enlève ton slip, tu enlèves le mien, lui dit-il.
— D’accord, vas-y, mais ce n’est pas beau là-dedans, tu seras déçu.

Il pince le petit bout de tissu, alors qu’elle serre les cuisses, puis le tire le long de ses jambes, en embrassant son ventre, et en passant la langue aux creux de ses plis. Puis il balade une main le long de son corps, jusqu’à ses petits seins en chapeau chinois, qu’il pétrit délicatement, avant de mordiller ses mamelons, tandis que les doigts de l’autre main pianotent légèrement à l’entrée de son vagin humide et tiède.

— Tu vois bien, lui dit-elle, là je n’ai qu’une fente sèche.
— Arrête de plaisanter, tu es mouillée comme une jeune fille.
— Excuse-moi, Mohsen, murmure-t-elle, cela me fait bizarre, tu sais, il faut me comprendre, cela fait tellement de temps que je n’ai pas fait l’amour que j’ai oublié ce que c’est. J’ai vraiment peur de succomber, je suis tellement émue, tu ne vois pas.

Mohsen introduit ses doigts dans son sexe, en tripotant ses seins en en l’embrassant dans le cou, sur les épaules. La respiration de Fatma accélère, et son torse commence à palpiter, tandis que Mohsen, sentant augmenter en lui le désir, lui écarte les cuisses et la pénètre lentement.

— Tu es splendide, lui dit-il, c’est tellement bon, oh !

Elle se crispe, prise d’une soudaine et fulgurante jouissance, en enfonçant ses ongles dans le dos de son amant, puis elle se met à trembler en soupirant. Mohsen lui caresse tendrement les flancs, en faisant plusieurs allées et venues, puis il éjacule soudain, violemment, sans pouvoir se retenir. Il la serre dans ses bras, alors qu’elle s’abandonne, complètement flasque, et il se déverse en elle plusieurs fois. Lorsqu’il se sent vidé, il se laisse tomber tendrement sur elle et enfouit la tête entre son cou et son épaule.

— Je n’ai vraiment pas pu me retenir, lui chuchote-t-il avec contrition.
— Tu vois bien que j’ai joui aussi, lui dit-elle en lui caressant les fesses, c’était magnifique. Cela fait longtemps que tu n’as pas couché avec une fille ?
— Je te fais une confidence, mais tu la gardes pour toi !
— Bien évidemment, lui dit-elle, égaillée.
— C’est ma troisième fois. Tu vois bien, je suis encore novice, dit-il, puis en soupirant : les deux premières fois c’était avec des filles de joie.
— C’était bien, au moins, dis-moi ?
— Avec les putes ? fait-il avec un clin d’œil, oui, c’était bien.
— Non, t’es vraiment pourri, tout de suite, avec moi.
— C’est magnifique, c’est sensationnel, sinon pourquoi je n’aurais pas pu me retenir ? Et toi ?
— Oh, je vais te faire une confidence aussi, c’est la première fois que je jouis.
— Oh oh !
— Je ne savais pas ce que c’était, vraiment pas, tu me fais découvrir tout un monde. Dès que tu m’as touchée avec ta main, je me suis sentie bizarre, émue, fragile, je ne sais pas quoi qui se fermente dans mon corps, puis dès que tu es entré, je n’en pouvais plus, j’ai fourmillé de mes pieds aux racines de mes cheveux, et je me suis crispée.
— J’en suis fier alors.
— Oui, tu peux l’être, mais comment je vais faire après ?
— Tu m’appelles quand tu veux, je prendrai le premier oiseau pour Tunis, spécialement pour faire l’amour avec toi.
— Arrête tes conneries, dans quelques jours tu m’oublieras, tu verras.

Un peu plus tard, ayant récupéré et repris un peu de poulets et de fruits, elle le prend dans sa bouche, entre ses délicieuses lèvres, et le fait venir sur ses seins, puis ils prennent une douche ensemble et reviennent se blottir l’un contre l’autre sur le lit. Il la pénètre encore une fois, aussi doucement qu’il peut, et au bout de quelques poussées elle se tord sous son corps en haletant. Il la tient serrée dans ses bras, en bougeant lentement en elle, et ils parlent de ce qu’ils aiment, d’agréables mémoires de jeunesse, de l’avenir de Mohsen. Il lui parle de son premier et seul amour, Nadia, et comment ils écoutaient « Les ruines » d’Oum Kalthoum ensemble à la Marsa. Toujours enfoncé en elle, ils restent longtemps enlacés, immobiles. Puis, sentant une poussée de plaisir, il lui soulève les reins d’un coup et la pénètre jusqu’au fond, l’entraînant avec lui dans un petit mouvement de rotation. Il se laisse guider par les délices de la sensation, lui imprimant des mouvements lents et profonds, puis il se déverse en elle à nouveau. Lorsqu’il se calme, il s’effondre sur elle. Fatma ferme les yeux, fait des grands soupirs, et son corps frissonne plusieurs fois de suite, en petits spasmes.

— Je pense que je ne ferai plus l’amour, dit-elle, je pense que j’en ai pris pour toute ma vie.
— Non, lui répond Mohsen, je sens que nous allons le faire encore, ensemble, plusieurs fois.
— Oh ! On verra !
— Mois, j’y tiens.

Fatma inspire profondément, puis l’embrasse légèrement sur la bouche.

— Tiens, tu ne m’as jamais demandé de quoi j’étais malade.
— Je n’ai pas osé.
— Tu veux vraiment le savoir ?
— Bien évidemment.
— Alors, je vais te le dire, mais pas tout de suite.
— Quand ?
— À l’aéroport, avant de quitter.

En les quittant à l’aéroport, Mohsen apprend qu’il ne reverra plus Fatma. Il lui fait la bise et la serre dans ses bras, comme il serre Salima après, et se retient de verser une larme devant elles. Après, en se laissant entraîner sur les escalators d’Orly, il a les yeux mouillés et manque de suffoquer en se désolant.

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