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Histoire vraie : ma vie avec Greg (2)

Histoire vraie : ma vie avec Greg (2)



Suite à l’incident de la piscine, nous prîmes nos distances Greg et moi. Il venait moins souvent chez mes parents et je trouvais toujours un moyen d’esquiver nos rencontres. J’entrai en première année de faculté, en lettres modernes. Quelques garçons s’intéressaient à moi mais, quand je ne travaillais pas sur le style de Flaubert selon Barthes, j’écoutais de la musique et dépensais mon argent de poche en concerts. J’avais besoin de bruit et de fureur et le metal m’offrait cette expérience extrême. J’aurais pu jouer les groupies, malheureusement les musiciens ne me proposaient que de leur tailler des pipes en backstage, ce qui heurtait mon amour-propre et les faibles traces d’éducation chrétienne qui me restaient.

Une année se passa ainsi sans événements marquants. J’allais parfois, le moins souvent possible, à des soirées étudiantes. Je m’y ennuyais à mourir et me jurais de ne plus jamais y mettre les pieds. Immanquablement, ma copine Pauline me faisait changer d’avis. Un de ces soirs que je jouais à égrainer à la fourchette la semoule de mon taboulé dans le salon d’une colocation, Pauline me flanqua un coup de coude et me désigna un garçon : « et lui, tu le trouves comment ? » Me méprenant sur le sens de la question – je pensais qu’elle voulait me présenter son partenaire potentiel – je répondis : « plutôt mignon ». En fait oui, il était plutôt mignon mais surtout abominablement quelconque. C’est ainsi que je rencontrais Quentin, sur un malentendu. Son manque d’assurance, sa maladresse me le rendaient touchant et, par la faute des quelques bières que je venais d’ingérer, je me retrouvais avec un rendez-vous, pour aller voir un film, quelques jours plus tard. Je n’eus pas le courage d’annuler et Quentin eût le courage de me prendre la main si bien que, sans m’en rendre vraiment compte, je me retrouvais avec un petit ami.

Il lui fallut plusieurs semaines pour m’avouer qu’il n’avait jamais eu de rapports sexuels, ce qui nous rapprochait, vu que cela était également mon cas, si l’on exclut branlettes et pratiques bucco-génitales. Nous devions résoudre quelques problèmes d’intendance, vu que nous ne pouvions, ni l’un ni l’autre, nous isoler et baiser comme des lapins au domicile familial. Ce fût Pauline qui nous rendit service en nous prêtant sa chambre.

Je ne m’étendrai pas sur ce premier rapport, ni sur les suivants d’ailleurs, parce qu’en fait ils n’avaient rien d’érotique. Quentin n’était pas très doué pour mettre un préservatif et quand il y arrivait, il m’enfilait à la suite et jouissait dans la minute. Si j’eus un peu mal la première fois, je n’ai plus rien senti les suivantes.

J’avais eu l’impression de ratt****r un retard, du temps perdu par la faute de Greg, alors qu’en fait, je perdais encore plus de temps avec Quentin. Finalement, je trouvais un prétexte quelconque pour me débarrasser de lui. Je crois qu’il en fût bien malheureux, parce qu’il nous voyait déjà dans un pavillon de banlieue avec un chien et des gosses, mais je ne pouvais tout de même pas sacrifier ma santé mentale pour son bonheur.

Quand vint la première année de licence, mon père fût de nouveau muté, dans une petite ville de province, cette fois. Aucune Université à proximité n’offrait un cursus satisfaisant. Nous étions d’accord au moins sur ce point, hors de question de sacrifier mes études. Même si la perspective que je devienne prof ne réjouissait pas vraiment mes parents – je tiens bon de préciser qu’en ce domaine l’avis de ma mère comptait peu – elle constituait un moyen terme auquel mon père avait fini par se ranger. Par un plaisant hasard, une de mes tantes possédait une chambre de bonne en Région Parisienne, j’en profitais donc pour m’inscrire dans une faculté de la capitale.

Ce n’était pas l’idéal non plus, la chambre étant située au septième étage sans ascenseur. Elle était si exiguë que j’aspergeais les toilettes à chaque fois que je prenais une douche… Autant dire que le contraste avec la villa de Bordeaux ne jouait pas dans le bon sens. Je n’en avais cure car j’étais enfin libre. Je pouvais m’habiller comme je voulais, sortir toute la semaine et, surtout, m’offrir des places de concert. Je m’ennuyais toujours autant dans les soirées et les garçons ne m’intéressaient pas plus qu’avant. Prétentieux, gras, superficiels et suffisants, ils subissaient souvent mon ire et mes morsures de renarde.

Cette morne situation aurait pu se poursuivre, me laissant le temps de me consacrer à mes études si un message électronique de ce bon vieux tonton Greg n’était venu perturber mon spleen parisien comme une pierre la surface lisse d’un étang. « On se fait un restau ? ». Il m’aurait donné un shutō-uchi à la jugulaire que mon souffle aurait été coupé tout aussi net. J’avais essayé de l’oublier et tout est revenu d’un coup. Je me suis mise à pleurer, les larmes n’arrêtaient pas de couler, une vraie fontaine. Je lui ai juste répondu oui.

J’ai acheté une robe chinoise dans le treizième arrondissement. Le rapport qualité-prix était imbattable : rouge en simili-soie avec des motifs floraux dorés. Je voulais lui en mettre plein les yeux. J’avais pris un peu de poids, ce qui présentait l’avantage non négligeable de me faire gagner un bonnet de soutien-gorge sans pour autant m’empêcher de rentrer dans une coupe calculée pour une morphologie asiatique. Le résultat dans la glace me satisfit, le tissus épousait agréablement mes formes.

Greg avait réservé une table dans un restaurant Thaï très côté. Là, je me suis rendue compte que mon idée de robe n’était finalement pas si bonne que je l’avais pensé. A côté des serveuses, je ressemblais à l’extra européenne embauchée à la dernière minute. La décoration était tout à la fois traditionnelle et incroyable : de la boiserie sombre sur les murs crème, des plantes vertes partout, une cascade artificielle constituée de pierres plates empilées et plusieurs statues de Bouddha. Quand j’arrivais à la table, Greg était déjà installé. Je retirais mon manteau. Il y eut quelques secondes de blanc. Je pensais « il me trouve ridicule », il m’avoua par la suite que je l’avais littéralement ébloui. Lui, il avait un peu mûri, je le voyais à ces petites rides qui se dessinent autour des yeux.

Il balbutia : « bonsoir Axelya » avant de me faire la bise. Après m’être assise, je posais la question essentielle, l’air de rien :

– Sandrine n’est pas là ?
– Nous ne sommes plus ensemble.

Première bonne nouvelle de la soirée. Je sais, ce n’est pas bien de se réjouir du malheur des autres. Je regardais les couverts, de la véritable argenterie. Gregory commanda du vin rosé. En entrée, je pris du Som Tam, papaye et crevettes, et, en plat principal, du Laab Ped, une salade au canard grillé. La nourriture, très épicée, était absolument délicieuse. Je n’ai pas l’habitude de boire et l’alcool me monta rapidement à la tête. Je riais à tout ce que Greg disait, parfois sans à propos. Nous en vîmes à ma vie sentimentale et là, je peux l’avouer aujourd’hui – il y a prescription, tu me pardonnes mon chéri ? – je romançais outrageusement mon aventure avec Quentin. Pire, je jouais aux petites filles mélancoliques, inconsolable de ce grand amour qui s’avéra sans lendemain. Gregory redoubla d’attention, sans doute pour chasser mes idées noires. Il insista pour me raccompagner jusqu’à la porte de mon immeuble.

Au moment de prendre congé, il se pencha pour m’embrasser. Sur la joue, bien sûr.

Je lui dis :

– J’aurais aimé que cette soirée dure plus longtemps…
– Nous aurons l’occasion de nous voir souvent, maintenant que nous habitons dans la même ville, dit-il en clignant de l’œil.

Je ne pensais pas attendre aussi peu de temps. Le lendemain, je venais de dîner dans ma chambre minuscule quand mon téléphone portable sonna. C’était Greg.

– Bonsoir, dit-il.
– Bonsoir.
– Axel, je suis en bas de chez toi. Je peux monter ?

Mon cœur se mit à battre comme les tambours du Bronx. Je lui donnai le code précipitamment. J’attendis. Il toqua à la porte. J’ouvris.

– Désolé de te déranger comme cela à l’improviste. Tu avais peut-être quelque chose de prévu ?
– Non, rien.
– Je dois te parler, absolument.

Il n’y avait même pas de siège pour les invités dans cette chambre, alors on s’assit sur le lit. Greg me prit les mains.

– J’ai essayé de résister tant que j’ai pu mais je n’arrive pas à sortir certaines idées de ma tête. Hier, je pensais que nous pourrions nous voir en laissant de côté mon attirance pour toi. Je suis obligé d’admettre que j’ai échoué.
– Tu sais quel est le meilleur moyen d’échapper à la tentation ?
– Dis-moi.
– D’y céder.

Disant cela, je fis tomber mon petit négligé en soie. Je ne portais rien en dessous. Nos lèvres se rejoignirent. Je fermais les yeux. Nos langues se mêlèrent. J’avais tellement envie de lui, de le sentir en moi. Une des mains de Greg se posa sur ma poitrine, il caressa mes seins. J’étais déjà toute mouillée. Je me couchais sur le lit étroit. Greg m’embrassa encore puis il descendit, de plus en plus bas, il prit la pointe de mes seins dans sa bouche. Il écarta délicatement mes jambes, toucha l’intérieur de mes cuisses, provoquant des frissons sur ma peau. Il déposa de petits baisers en partant du creux des genoux et en remontant tout doucement pour finir par coller ses lèvres sur ma chatte. Sa langue me fouilla, c’était absolument délicieux. Il alterna ensuite entre ses doigts et sa bouche sur mon clitoris. Je crus qu’il allait me rendre folle. Je lui dis :

– Arrête, s’il te plait, je veux te faire plaisir moi aussi.

Greg s’allongea et je me plaçai au-dessus de lui. Je voyais et je touchais sa verge pour la première fois, à la fois très douce par la finesse et le grain de la peau et si dure par le désir qui la dressait. A mon tour je déposais des baisers du bout des lèvres sur son sexe.

Je sentis les doigts de Greg me pénétrer, sans peine, pendant qu’il continuait de me lécher. J’ouvris la bouche. Je voulais le prendre en entier mais il était trop gros. Cela ne m’arrêta pas. Le sexe de mon amant glissait sur ma langue et mon palais et, tout en bougeant la tête, je me dis que j’adorais le faire, j’adorais le sucer. J’avais tellement attendu ce moment, j’en avais rêvé si souvent. A cet instant, il aurait pu jouir, j’aurais avalé son sperme sans sourciller.

Greg jouait avec moi, guettant mes réactions, il m’amenait au bord de la jouissance et dès qu’il me sentait sur le point de céder, faisait une pause. J’arrêtais de le sucer pour lui dire : « fini de t’amuser, baise-moi ! ». Greg sortit un préservatif de son portefeuille. « Viens sur moi » dit-il. Je le chevauchai, guidai son sexe de la main, progressivement, je l’enfonçai en moi. Nous nous emboîtions parfaitement. Greg saisit mes hanches. Je bougeai, doucement au début puis de plus en plus vite. De nouvelles sensations, inconnues jusqu’alors, m’envahissaient peu à peu. Une vague venue des profondeurs allait me submerger. Je me penchai sur Greg et nous échangeâmes un long baiser. Je me crispai, les cuisses resserrées à m’en faire mal. Un orgasme, violent comme un coup de fouet, m’emporta, je me redressai, poussai un cri. Le corps tendu en arrière, j’éprouvais un plaisir violent et sans limite.

Je retombai sur le lit à moitié groggy. Greg se pencha sur moi, m’embrassa dans le cou. Je lui demandai :

– Tu as joui ?
– Oui, répondit-il.

Nous restâmes couchés un moment. Greg avait enlevé le préservatif mais il bandait encore. Une envie me prit de le nettoyer. Je léchai son gland et sa queue, le branlai en déposant des baisers sur ses couilles. Je relevai la tête, le regardai dans les yeux et lui dis : « j’ai encore envie de te sentir en moi ». Je me couchai sur le dos. Il enfila une capote et me pénétra à nouveau. Il bougeait vite, sans crainte de jouir tout de suite. Cette fois, il me possédait et j’adorais qu’il me baise ainsi. Je lui dis que j’avais envie d’essayer une nouvelle position et je me mis à quatre pattes pour qu’il me prenne en levrette. Il plaqua ses mains sur mes hanches tout en donnant de grands coups de rein. Je sentis que je ne pourrais pas jouir ainsi et glissai une main entre mes cuisses, prise d’une furieuse envie de me masturber. Je ne tardai pas à sentir poindre un nouvel orgasme. Je criai : « viens ! viens ! » et cette fois nous jouîmes à l’unisson.

Je ne me souviens pas m’être endormie, je sais juste que, le lendemain matin, j’ai été réveillée par l’odeur du café et des croissants frais. Greg était là, il me souriait.

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