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In the garden

In the garden



Ces derniers jours j’avais reçu toutes sortes de témoignages d’amitié
voire d’affection. On n’aime rien tant que les gens que quand ils
partent et disparaissent. Car on est assuré d’en être pour toujours
débarrassé. Destin figé on peut à loisir les exhiber tel du gibier bien
empaillé. Bref d’aucuns s’impatientaient de m’archiver. Tout cela
confortait à partir et à quitter la vieille Europe. Les États-Unis
m’ouvraient les bras où m’attendaient ma fille, mon gendre et surtout
mes petits enfants. Je partais là-bas peut-être pour y mourir. Que cette
pensée ne vous fasse accroire à de la mélancolie. Au contraire je
n’avais jamais été plus léger et heureux. A soixante ans on n’est pas fini

En cet été mayennais j’avais organisé maintes fêtes. Pour la fin j’avais
conservé le dernier carré des fidèles. Les importuns, fades et
hypocrites avaient été évacués dès le début. Je découvrais un peu tard
que j’avais trop de connaissances et de supposés amis. Il était temps de
couper les branches mortes. Je rêvais cependant de conserver un souvenir
délicieux du pays. L’occasion m’en fut offerte les derniers jours. Nina
s’appelait-elle, épouse d’un de mes plus proches collaborateurs. Pour
aller vite je bossais dans l’import-export. Je laissais l’affaire au
fils aîné. J’aurais un œil dessus. Nina était une femme remarquable et
libre. Je lui savais nombre d’amants.

Homme à femmes de mon côté, je collectionnais. J’affichais avec
puérilité une réputation de Don Juan. Il faut mettre cela sur le compte
de l’âge. Le sexe témoigne de notre pérennité. On ne veut pas mourir ni
passer. Féru de sports extrêmes je montrais assez aux jeunes femmes que
je pouvais être encore un amant crédible. Nina à cet égard m’avait
souvent plaisanté. Elle me disait toute effrontée : « Je vais vous offrir
une édition rare de « l’Art d’être grand père » d’Hugo. Je lui rétorquais
de go. Vous omettez les frasques de ce vieillard. En lectrice avisée
elle ne pouvait avoir négligé ce détail. Nous sacrifions souvent à ce
genre de passes d’armes. Nous nous mesurions de loin.

Pour la décrire elle n’était nécessairement d’une beauté flagrante.
Brune de taille modeste, le cheveu court comme une garçonne, elle n’en
affichait pas moins un corps vif, musclé et cependant féminin en maints
détails. En fait elle explosait de sensualité. Il était impossible qu’on
n’eût envie de ne se tourner à son passage. Son regard foudroyait.
Celui-ci était empreint de vide et de mystère. Il semblait déjà
protester que vous eussent voulu déjà l’att****r et la posséder. Elle
semblait être désolée d’un tel ascendant sur les hommes. Elle n’avait
été conçue par la divinité que comme objet de désir. Cette vocation
semblait certains jours l’accabler.

Nous nous perdîmes de vue deux ans durant. J’avais envoyé son compagnon
en mission en Allemagne. Je sus de loin qu’elle n’avait guère goûté ce
déménagement. La Bavière ce n’était pas son truc. D’un mail ironique et
vengeur elle m’avait signifié que ce coin résonnait de musique
wagnérienne, de défilés nazis et de la présence pédé de Louis II de
Bavière. J’eus peu de messages de sa part ce qui manifestait chez elle
une sorte de bouderie. Aussi fus-je d’autant surpris de la revoir peu
après leur retour. Je convins avec elle que c’était une mauvaise idée de
l’avoir envoyé chez les boches. Elle ne m’en voulait plus.

Elle me marqua cependant sa tristesse que son retour correspondit à mon
proche départ. Tout concourrait donc à devoir nous séparer. Elle savait
que je sortais d’une relation orageuse avec une jeune femme qui avait
laissé assez de traces sur mon esprit. Pour le dire j’étais dégoûté des
jolies filles qui vous mènent par le bout du nez et vous rendent fou.
J’étais puni par ce que j’avais adoré. Cet échec n’était pas pour rien
dans ma décision de mettre l’Atlantique entre mon passé et le reste de
l’avenir. Nina saisit cela en un instant. Cruelle elle balança : « Fuir
ne vous ressemble pas ! » Penaud je me rappelle avoir baissé mon regard
sur mes chausses. Je n’avais plus envie de lutter et de paraître quelque
chose. La dernière garce était parvenue à me rendre mon âge. Je me
souvenais du vers terrible : « J’ai plus de souvenirs que si j’avais
mille ans. »

Tout avais perdu du charme quant aux femmes et je fuyais ainsi les
quolibets de la chère Nina. Elle en parut blessée. Elle me le dit un
soir tandis qu’au loin le soleil se couchait et mordorait de poésie le
fond de mon jardin. Nous évoquâmes à ce spectacle quelques tableaux
célèbres : L’embarquement pour Cythère et celui de la Reine de Saba.
Elle ajouta que la nostalgie était le moyen de mettre un pied dans la
tombe. A moins que comme Chateaubriand j’usas de çà pour séduire des
femmes. Je compris qu’elle parlait de nous. Elle s’était jusqu’alors
refusée. Elle m’avait dédaigné. La nouvelle échéance avait peut-être
tout changé.

Il ne restait que quinze jours. J’étais empli d’émotion. Je mesurais
comme une trahison de partir au pays des yankees. J’y parlerais mon
mauvais anglais. Je devrais subir peut-être de plain pied leur mauvais
goût. Bref j’avais quelque envie de renoncer. Sûrement Nina entrait en
ligne de compte. Elle m’allumait à présent. L’autre après-midi dans le
jardin après que nous vînmes à être seuls, commença une drôle de danse.
Elle était engoncée dans un fauteuil en osier, cuisses croisées. Détail
singulier elle ne se départait jamais du port de bas bien qu’il fit si
chaud. En outre une robe noire fort courte ne laissait rien au hasard.

On savourait sa chair blanche affleurant à la naissance des bas. Elle
escomptait notamment que les hommes place à cet endroit leur regard. Ce
manège familier à tous n’indisposait pas son compagnon. Au contraire ce
dernier était flatté qu’on loua l’espièglerie de son amie. Il savait
qu’il lui devait qu’on ne tint compte de sa médiocrité voire de son
insignifiance. Sans une telle compagnie il fut sur le champ renvoyé au
néant. Je mesurais que l’échec de l’escapade allemande lui pouvait être
attribué. Comme à tous me demeurait le mystère de savoir pourquoi Nina
s’attachait à un si piètre personnage. Peut-être était-il temps d’en
savoir davantage ? De percer ce secret.

Depuis quelques minutes me fixant droit dans les yeux, elle avait juché
l’une de ses cuisses sur un accoudoir du fauteuil. Ce geste sans décence
du coup me laissait découverte la culotte sombre qu’elle avait sous sa
robe. Pour dire vrai j’avais à l’instar des autres repéré plusieurs fois
celle-ci parcourue de motifs trahissant maintes transparences. Surtout
on y percevait une chatte comme gonflée et près d’exploser dont le poil
pubien se signalait sur le bord. Le spectacle à peine entrevu m’était
offert ici ostensiblement. Aussi dus-je relever la tête et enlever mes
lunettes pour mieux examiner. Je devais cet égard à une pareille offrande.

Je ne pouvais voir son regard planqué derrière ses lunettes. Son pied
cependant balançait en son bout un escarpin. Ce jeu si familier aux
femmes m’excitait plus qu’à l’ordinaire. Je bandais. Cela ne m’était
arrivé les derniers jours. Je boudais comme j’ai dit tout à l’heure le
deuxième sexe. Nina voulait me réconcilier avec. Je devais lui savoir
gré de me rendre à la vie et au désir qui constitue celle-ci. Elle
souriait et en même temps grillait sa cigarette. Au loin dans le silence
bourdonnant d’été, on entendait un vague bruit de tondeuse. Les autres
allaient venir. Le moment était propice pour que je dise adieu à la
France. Nina me conviait à une sorte de noce. J’escomptais le retour des
autres dans près d’une heure. Je décidais à m’approcher. Je fus sur elle
peu après.

Je n’avais cure que le voisin ou autres nous vîmes. La braguette était
au niveau de son visage. Avec un flegme inoubliable elle écrasa sa
cigarette puis de ses longs doigts fins entreprit de me déboutonner en
extirant calmement ma queue. Celle-ci gonflée et déjà impérieuse. Elle
me branla nantie toujours du même sourire. Regard absent énigmatique
derrière les lunettes. Enfin de ses jolies lèvres mon gland fut flatté
puis lapé de sa langue. La garce suçait divinement. Je l’avais vu faire
un soir derrière la tonnelle tandis que nous dansions. Elle suçait un
ami. Ce dernier trop content avait loué le talent de la belle. Je n’en
avais dormi de la nuit.

Ce droit enfin me revenait. J’éprouvais comme scandaleux qu’elle ne
m’eût jamais accordé des faveurs accordées aux autres. Hôte des lieux
j’aurais du être distingué le premier. Je pris cela comme une juste
réparation. Tout rentrait dans l’ordre. Je pouvais sans amertume quitter
ce pays. Drôle et beau cadeau d’adieu. J’étais aux bords des larmes. Au
temps des regrets. Je m’en voulais pour un temps de n’en avoir fait ma
maîtresse. Nous serions allés au bout d’une belle histoire. J’avais
perdu ma vie avec de jolies sottes. Elle les valait mille fois. Tout
cela était de sa faute. Elle avait différé jusqu’à ce jour. Ce n’était
pas tant pour me punir que par pudeur et idéal.

N’y tenant plus et la tirant par la main, je l’emmenais à l’endroit de
la fameuse tonnelle. Le bruit persistant de la tondeuse, l’ombre, la
fraîcheur conféraient au lieu une ambiance sacrée. Nos corps
s’enlacèrent. Nos bouches se mêlèrent. J’étais investi d’une autre
vigueur. Je renaissais. Le philtre recueilli dans sa bouche m’avait pour
le coup galvanisé. Étendus dans l’herbe nous fûmes pris de frénésie.
Accouplement de bêtes terribles. D’un geste rageur je lui arrachais le
string. Goulûment lui dévorais la chatte. Lubrique, elle en écartait
d’autant les cuisses et riait. Rire d’enfant. Sans se départir de sa
joie elle se laissa faire. Notamment d’une rare v******e je l’enculais.

Les autres revinrent peu après. Elle parut impavide toujours enfoncée
dans son fauteuil. Moi peu loin tapant sur une tablette à l abri du
soleil. Peut-être quelques-uns soupçonnèrent que la garce m’avait
débauché. Je n’en avais cure. J’étais trop heureux. Les jours suivants
nous baisâmes sans discontinuer dans divers hôtels. Je voulais la
posséder tout mon saoul. Tâchant vainement de ratt****r le temps perdu.
J’étais pris par une étrange passion. Un soir d’un ton lugubre elle me
dit qu’une profonde et durable liaison nous eût vouée à la catastrophe.
Bref c’était parfait que ce fut ainsi. J’obtins cependant qu’elle
acceptât avec son compagnon de venir nous voir aux USA.

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