A. Marika – La rencontre
Je ne me présente plus, enfin, pour ceux qui auraient manqué mon CV, ni lu mon profil, me voici détaillée…
Marika, 57 ans, bientôt en retraite, mariée à Paul avec lequel j’ai passé un contrat de démariage…
L’ayant surpris en train de planter un coup de sabre dans notre contrat, j’ai décidé de le garder à plusieurs conditions :
– Il me cède la maison ce qui financièrement n’est pas pour lui un gros effort, avec le poste que j’occupais, je gagnais plus que lui et donc ma quote-part était bien supérieure à la sienne et de plus le terrain venait de mes parents.
– Il continue à habiter chez moi, la villa offrant au rez-de-chaussée, un studio indépendant, que je mets gratuitement à sa disposition.
– Pas question de divorce à cause de notre fille, vivant chez nous à l’époque, de nos positions sociales et professionnelles respectives, amis, relations, famille…
– Donc une entente avec une clause importante, plus de dodo conjugal, ni ce qui va souvent avec, enfin… sauf permission exceptionnelle…
– On continue à « paraître », prenons nos repas ensemble, continuons à recevoir nos amis et notre famille, puis chacun dort chez soi.
– Aucun compte à rendre, sauf pour les invitations de son fait, qui devront être planifiées…
– Il me verse une aide financière tant que Anne habite avec nous.
– Il s’occupe de l’entretien du studio, de son linge, et à sa nourriture, soir 200 euros /mois.
Avec ces conditions officielles, la propriété de la maison, j’étais à l’abri d’un autre accroc de sa part, voire pire et définitif.
Je devenais financièrement indépendante et pouvait envisager mon avenir sereinement.
Mes amies ont hurlé en apprenant cela… « Fous-le dehors, tu as une bonne excuse, profites-en… » ou « Divorce pour de bon, fous-le à la rue avec une bonne pension à vie, saigne-le, il t’a fait saigner ton coeur… »
Elles n’avaient pas tord, mais je tenais au bonheur de ma fille, à lui faire un beau mariage, et qu’elle termine ses études sans bouleversement. Elle rencontra l’amour peu après.
Je ne voulais donc pas de séparation tranchée, pas de vagues. Il a fauté, il paie, je transige une fois, mais le mal est fait, sinon dehors, terminé, case divorce cochée.
Si j’ai parfois été permissive à sa venue dans mon lit, il faut bien que libido se passe, c’est qu’immédiatement, je contrattaquais en douce. Le pardon certes, mais jusqu’à un certain point.
Cocu il le fut très vite, avec discrétion, tact et avec sa bénédiction tacite, vu que c’est à ce moment là que je connus ma première aventure féminine…
Ce fut si nouveau, si intense, que je tombais amoureuse…
Puis le temps passant, je continuais à papillonner à travers mes amies et mes voisines, assoiffée de sexe lesbien, et de moments de distraction libertine lors de nos ventes en réunion…
Paul rencontra ou croisa la plupart de mes amantes sans jamais se douter de ce qui se passait dans son ex salon ou dans son ex lit…
Tantôt chez l’une, tantôt chez l’autre, les ventes et les thés 5 à 7, m’apprirent à entretenir, voire révolutionner ma libido, la décupler et devenir experte…
De femme trompée, je devins femme à femme, puis conseillère pour certaines, et coach, je me régalais des détails croustillants des relations de mes copines… Les hommes sont des anges à côté !
J’eus une période de doute, après le mariage d’Anne.
Il me manquait quelque chose que seul un homme peut me donner…
J’essayais de devenir femme fatale, couguar dit-on, par moi-même.
Sans rien dire à mon entourage, je me rendais dans une autre ville, le soir.
Bar sympathique, soirée spéciale célibataires, discothèque à l’ancienne avec slows, tangos et musique disco…
Ce fut un désastre, je me retrouvais pliée en deux dans une voiture de minet, cuisses écartées, 2’35 de plaisir (pour lui) et hop, à un autre…
J’enchaînais les coups de bite vite faits dans l’arrière-salle ou les toilettes, voire les hôtels de passe, les bains de minuit au son des guitares qui se finissaient en groupe et tous à poil, couverte de sperme, inondée de whisky et de vodka…
Mais rien à la hauteur de mes espérances.
Je cherchais alors d’autres lieux, cinés, bars, clubs privés, broîtes échangistes… J’y connus des gens plus âgés, ce que je voulais. Des nouveaux plaisirs, du partage, échangisme, partouses, etc… je fus filmée par des voyeurs, reluquée par des clients lubriques, attachée dans une cave, contrainte, violée, emmenée dans des immeubles douteux, prise par des caïds drogués, puis déposée au matin au parking de l’établissement, le visage en décomposition, les habits en lambeaux.
J’étais dégoûtée des hommes, du vice, de la perversion, de la fange humaine.
Ce n’est plus du sexe c’est de l’esclavage, parfois brutal, immoral certes, mais si c’est partagé et consentant… Et bien non, ceci n’est pas pour moi…
J’entrais en dépression, à deux doigts de la bêtise suprême, drogue, souteneurs, filières pornos…
Un soir, après quelques semaines de sevrage, ayant malgré tout, repris avec mes amies nos après-midi pour ménagères en manque, je fis appel à Paul.
Une soirée réception qui s’éternise, les invités qui partent, on se laisse aller au salon, épuisés tous les deux… Et d’une chose à l’autre…
Au matin, mise au point : « Pas question de changer quoi que ce soit, un accident de parcours… »
Il n’y en eu pas beaucoup, juste de quoi me laisser le temps… Il fallait que je m’en sorte, je trouvais cela réconfortant, si tendre, ce qui manquait à tout le reste, ainsi que la sécurité… Paul m’aimait, mais c’était trop tard, j’avais tourné la page.
Je trouvais une solution, après hésitation, et après ma prise de décision qui faisait que je refusais toute aventure au sein de mon travail.
Mais le fait de ma retraite imminente, me fit m’intéresser aux sorties, marches, croisières, associations, organisées par le CE, entre services ou entre centres sur toute la France…
J’essayais de trouver une amie dans le même esprit que moi, qui pourrait m’accompagner dans ma découverte de ces activités, m’orienter vers autre chose, sans penser au sexe spécifiquement, m’aérer l’esprit, faire des rencontres et pourquoi pas, on peut rêver…
Bref, en parlant à droite à gauche, j’eus quelques propositions de marche le dimanche.
Club de randonnées, j’avais peur des clubs séniors…
Mais non, l’expérience fut prometteuse, presque concluante…
J’attendais la fin d’année pour participer enfin aux fêtes et repas traditionnels de notre CE, les sorties raquette et ski, à un tarif sans concurrence et les petites excursions en car dans l’arrière pays…
C’est peu après ces nouvelles dispositions d’ouverture au monde, qu’au bureau, je reçus ma future remplaçante, Manon.
B. Manon
Manon est diplômée en secrétariat, quelques expériences en entreprises, 23 ans, premier emploi CDI dans une grande entreprise réputée.
Les conditions d’embauche l’avaient ébahie, le cadre de travail, les à-côtés non négligeables, heures supplémentaires, participation aux bénéfices, smartphone pour les cadres, voiture si nécessaire à la fonction, 14 mois de salaire, complémentaire santé, tickets vacances et tickets restaurant…
Mon visage sévère, mon âge, faisaient de moi, secrétaire de direction du PDG, le cerbère suprême !
Sa devise : « SECRET TAIRE »…
D’autres l’ont sans doute mise en garde en commençant par les dragons du techniques, les chipies du commercial, les Barbies de la communication… Sans parler des salopes de l’entretien et des jalouses de la compta…
Travailler avec moi donnait parait-il une idée de l’enfer…
Dans mon antre, avec mes collaborateurs et collaboratrices, je régnais en maîtresse. Pas question de plaisanter, de jouer, d’avoir des conversations personnelles au téléphone, de traîner à la machine à café, etc… Je ne parle pas côté vestimentaire, coiffure, look. Nous recevions la crême de la clientèle, du monde des affaires et des finances, nous devions correspondre au standard…
Un tailleur deux-pièces chic, chaussures plates, coiffure sobre, manucurée, soignée, propre, présentable à tout moment et pouvant passer une nuit à taper des rapports, des notices, des présentations urgentes, des contrats faramineux… Bref, le boulot, quoi…
On ne devait pas non plus faire « un scandale » pour une main aux fesses, surtout d’un client étranger ou pas, et contractuellement abonné au plus niveau… Personne n’osa pendant près de 40 ans de carrière…
Manon comprit rapidement, s’adapta, se fondit dans mon monde… Agréable, souriante, elle était dans le ton.
Surprise par sa faculté à comprendre et anticiper, bien qu’elle n’ait pas fait d’études en psychologie, je pris conscience de son intelligence et de cette écoute dont elle faisait preuve.
Elle participa rapidement à mes réunions, nos agendas se fondaient, je me fis la réflexion que sa présence m’était non seulement indispensable au bout de 6 mois, mais de plus que je ne savais rien d’elle, et inversement.
C’était la première fois que j’avais un alter-ego, je me félicitais de cette aubaine, je félicitais le DRH de ce choix.
Un soir, épuisées par une journée harassante, j’eus l’envie de nous détendre pour décompresser. Je l’invitais dans une pizzéria, proche du bureau.
Elle accepta, nous primes un apéritif, un second, et la nuit s’instaura, dissipant nos différences, rejetant mes principes au vestiaire.
Je parlais de moi, de mon mari démarié, de ma fille mariée, de ma vie solitaire, de mes plaisirs solitaires, de mes amies solitaires aussi, de mes goûts au pluriel…
A l’écoute, elle se divulgua, s’épancha, se confia à son tour…
Puis elle fit une synthèse…
– Non pas de cerbère, juste une femme qui fait son travail, à un poste de direction, très difficile, complexe, où elle doit prendre des décisions, trier les priorités, gérer l’urgence, s’interposer dans les conflits avant qu’ils n’éclatent, etc… Une femme dans le monde des affaires, mariée à son travail, sachant piloter une grande partie de l’entreprise lorsque ces messieurs s’envolent en voyages d’affaires…
Elle me brossa un tableau complet, m’encensa, je fondis…
Je lui proposais alors de venir finir la soirée chez moi pour boire le verre de l’amitié, du moins ce début d’amitié…
Elle me suit avec son carrosse, je la fais entrer au salon.
Nous nous installons sur mon canapé blanc, face à la mer…
– Tu sais… Marika… Je peux te tutoyer en dehors du bureau ?
– Bien entendu…
Cela m’avait échappé… Jamais au grand jamais je n’avais accepté une telle promiscuité !…
Elle était terrible, m’avait prise par traitrise, à mon propre jeu et sur mon propre terrain, redoutable…
Bon c’était dit…
– Tu sais, je pense que j’ai appris plus avec toi en 6 mois qu’en 2 ans d’études, 1 an de stages divers et variés, 1 an de qualifications dans tous les domaines…
– C’est gentil…
– Ah, non, pas gentil, vrai ! Simple constat. Aucune personne ne m’avait présenté un poste comme celui-ci à ta manière. Voir les gens autrement, pas en PDG, en x ou y, banques, fournisseurs, etc… Non, des pions comme nous, des acteurs…
Des acteurs de notre développement, et nous au milieu comme dans un grand giratoire. Dirigeant, conseillant, programmant leurs journées, même dans les plus petits détails, parfois au-delà du bureau, dans leur vie privée.
Pas de limite, tout est ouvert, rien d’interdit. Tu as tout pouvoir, bien plus qu’eux qui doivent des comptes aux administrateurs.
Géniale, oui. Tu es arrivée au sommet de ton art, tu m’étonnes que tu sois indispensable ici et qu’ils te fassent les yeux doux.
– Merci Manon, tu me décris le paradis, le mien, celui de ma vie…
Tiens à propos de sommets, tu aimes la montagne Marika ?
– Oui, je n’ai pas trop l’occasion d’y aller en hiver, mais… Je la préfère à la mer en été…
– Mes parents ont un chalet, papa est architecte, ça aide… Je me proposais, si tu voulais t’aérer un week-end…
Je fais silence, regarde droit devant moi, l’air grave, elle a osé !…
– Tu veux me soudoyer ? Pourvoir me tenir dans ta main, faire de moi une amie, connaître mes secrets, ma vie, mes tares, mon intimité… Puis ensuite quand je serai partie, tu pourras venir me demander ce que je ferai, moi, à ta place… C’est pas vrai ?
Savoir tout ce que je sais et que je ne te donnerai pas, tous les codes, les mots de passe, les codes des banques, les autres, les secrets…
Elle sursaute !…
– Justement…
Elle ouvre ses grands yeux, affolée, désorientée par mon courroux…
– Non ! Pas de ça Manon, je suis incorruptible, et le serai jusqu’à la fin !
– Mais tu pars dans une semaine ! Et puis de tout ça je m’en fiche !
Simplement j’ai découvert en toi quelqu’un de droit, de sensé, d’intelligent, qui partage pas mal de mes idées, de mes goûts, même en pizzas…
Que tu ailles au diable après, tant pis, je suis capable de gérer le quotidien, même si ce n’est pas parfait comme tu l’aurais fait…
Je peux t’assurer qu’en six mois, et encore plus depuis 18 heures ce soir, que jamais, en aucun cas, je ne t’ai vue en cerbère, en vieille peau maquillée et ridée, le cul coincé, minaudant le moindre merci pour ses sous-fifres…
Je me sens plus proche de toi qu’avec mes amies !… Même avec ma mère !…
Tiens ! La seule chose qu’on n’a pas abordé ensemble, c’est le sexe…
Comment tu aimes faire l’amour ? Aimes-tu les femmes ? Depuis combien de temps tu n’as pas baisé ?
Voilà MOI, ce que je pense de TOI !…
Je la regarde dans les yeux, presque humides…
Rage d’adolescente qui épanouit ? Des dents qui grandissent au contact de plus grands qu’elle…
Ca me rappelle quelqu’un…
Je me revois, il y a près de quarante ans… Mon nouveau patron, un terrible, trempant dans la politique, cherchant une fine lame pour déjouer les lourdauds machistes de son entourage.
Il m’a tout appris, la traitrise, la passion, l’amour du travail ciselé, l’art de convaincre, il m’a donné la force de me construire dans un monde, celui des affaires, où chacun joue un rôle, théâtre de la vie professionnelle, avec pour frontières, la finance, la politique, le pouvoir… Un monde d’hommes, rattrapé il y a peu par quelques femmes…
– Tu vois, Manon, c’est la réponse que j’attendais !…
C’est la même que j’ai faite il y a bien longtemps à mon nouveau boss, celui qui m’a tout appris… Il voulait me tester… Pour moi, c’est fait, je peux partir la tête haute, tu feras partie de l’élite de la société… Et au fait, j’ai rendez-vous vendredi prochain, mon dernier jour, avec le DRH. Il est évident que je vais donner une réponse positive à ta titularisation…
– Je… Tu…
Elle rugit, pleure, sa hargne retombe d’un seul coup… Je lui verse à boire, lui souris… Je prends sa main dans la mienne, plonge mes yeux dans les siens…
– Tu vois Manon… Voici ma réponse : Dans un grand hôtel dans des draps de soie, oui, 3 mois avec un homme et 1 mois avec une femme.
– Tu es…
– Chut, on peut nous entendre, ça aussi il faut t’en méfier, ne rien laisser paraître, dire oui, et penser non… Alors je dis non pour le chalet…
Elle me regarde en reprenant ses esprits, elle répond au contact de nos mains… Avec spontanéité, elle m’embrasse sur la joue…
– Bon, vendredi prochain, 18H30, je passe te prendre ici. J’étrenne ma nouvelle voiture, mais je suis très sage, au volant s’entend !…
– Ah, Manon, autre chose, avant que tu partes… Le grand hôtel peut aussi être une cabane au fond des bois, et on n’a pas besoin de draps en cette saison…
– Bonsoir et merci de m’avoir fait découvrir ton antre…
Lorsqu’elle passe le pas de ma porte, je sens quelque chose en moi se serrer.
Je regarde par la fenêtre, la voit monter en voiture, démarrer, se fondre dans la nuit, il est 3H00…
Cette fille est formidable…
Je pense à Anne, heureuse avec son mari et ses enfants… Manon est différente… Elle est comme un aimant… Je passe le reste de la nuit à penser…
Première fois que j’invite quelqu’un de la broîte chez moi. Première fois que je discute avec une femme aussi jeune, et que je me confie à ce point. Que je me découvre, comme si… Je suis folle !
Dans mes pires soirées, mes thés lesbiens, ou mes après-midis ‘ménagère de 50 ans’, je ne voyais que des amantes possibles, et une heure après, je ne savais plus leur tête, la couleur de leurs yeux, le blond de leurs cheveux… Encore moins le son de leur voix…
Manon est brune, belle à en crever, et même si elle fait un effort pour rentrer « dans le cadre », on perçoit ses formes, on est désarçonné par ses yeux vert tendre, profonds et sa voix claire, pausée…
C. Première soirée au chalet
Le vendredi est vite là. Nous n’avons pu échanger que quelques mots depuis la soirée… Je dors mal, elle me hante comme un fantôme…
J’ai été amoureuse une seule fois d’une femme, ma première expérience. Elle m’a ouvert les portes, les yeux, j’ai su que c’était mon destin.
Lesbienne… Autrefois ce mot me faisait peur. Puis, depuis cette première aventure, cette découverte, j’ai été transformée au point de l’aimer vraiment. Ça a duré un temps, suffisant pour oublier Paul, ne penser plus qu’à elle, elle m’avait sauvé de ma perte, de ma descente aux enfers… Le sexe féminin ne m’attirait pas spécialement, j’ai appris… Puis cette tendresse surtout, cette complicité que nous avions.
Elle venait dormir avec moi, souvent, nous passions des nuits torrides et je pensais à Paul qui aurait tant aimé participer… Le salaud !
Elle avait été ma bouée, elle fut ma première véritable amie, dans tous les sens du terme.
Je me rendis compte à terme que j’étais jalouse lorsqu’elle ne venait pas chez moi le soir ou moi chez elle pour le week-end, et combien j’étais triste…
4 ans déjà… Je n’ai jamais connu pareille aventure, un peu pour aller plus loin côté liberté, côté sexe, mais surtout parce que je n’ai jamais ressenti une telle attirance.
La route serpente, elle conduit bien, posée, réfléchie, rapide, mais sans à-coups, je me sens en sécurité… 20 ans… je suis folle !
Nous abordons divers sujets, politique, musique, arts. Elle ne déteste pas le moderne, les musées d’art contemporain. Mais elle préfère les collections colorées des impressionnistes, Manet, Van Gogh, Picasso, Renoir…
Elle me fait l’honneur du chalet, magnifique bâtiment cossu de 200 m²… Des espaces pour chaque saison, ce que j’aime c’est le SPA, logé dans une avancée au premier étage, attenante au salon, avec vue à 180 degrés sur la montagne…
Il est 21 heures, on descend en ville à pieds, par un sentier balisé, quelques centaines de mètres et voilà le premier restaurant…
Elle me pilote dans les ruelles, on échange nos goûts, tombons d’accord pour éviter le fromage, car je crois que demain, une fondue est prévue…
Il fait encore bon en ville, elle est en décontracté, tennis, pantalon, tee-shirt un peu moulant, décolleté comme il faut, veste en laine…
La viande grillée est sublime, le gratin dauphinois moelleux à souhait, nous buvons ce bon vin rouge de pays, en nous racontant nos souvenirs, j’ai eu plus de travail qu’elle, et j’en ai sauté…
Nous remontons en faisant un large détour par le centre-ville, quelques boutiques étaient encore éclairées, mais la mode de l’entre-saison n’est pas formidable.
Il faudra que je pense à mieux m’équiper pour la randonnée et pour l’hiver.
Il est presque minuit lorsque nous regagnons le chalet, il est trop tard pour le Spa… Je le regrette…
Je prends le lit du fond, logé dans une sorte d’alcôve, très agréable avec un duvet de plumes… J’y pose mon baluchon, me change.
La salle d’eau est parfaite, claire, douche à l’italienne avec jets intégrés…
Je l’aperçois dans un reflet de miroir… Elle est sublime…
Je pense encore à ce qu’elle dégage, son pouvoir de séduction, son magnétisme, cette pureté, mêlée déja de côtés plus sombres, matures, comme si elle avait été frappée par quelques revers… Mais elle explose de vie, de gaité, et son optimisme est sans faille.
Nous discutons comme je le faisais avec mes cousines, avec mes amies… Allongées prêtes à sombrer dans nos rêves…
Le silence tombe doucement, elle tourne dans son lit… Un bruit, un autre, des lumières renvoyées par le jardin…
– Mes parents !… Déjà !… Faisons semblant de dormir. Tu es presque invisible dans ton alcôve… Ma mère va venir me voir, elle vient toujours…
En effet, quelques minutes plus tard, j’entends un craquement léger, un souffle, des bruissements de soie, une ombre traverse la chambre et se penche sur Manon…
L’ombre ressort, fluide, légère… Le clic de la serrure me dit qu’elle a refermé la porte en silence, comme ma mère le faisait…
– Tu vois… Elle est rassurée, n’a pas voulu me réveiller au portable, sait que je suis rentrée, tout est bien pour eux…
– Ils t’aiment, tu es si adorable, et tu le leur rends bien…
– C’est vrai… Mais…
– Oui ?
– J’ai passé une soirée magique… Tu abordes tous les sujets, comme une amie de longue date, tout t’intéresse, tu es à l’aise… Tu es belle à faire damner un saint, je t’ai aperçue sans faire exprès… Mais je le savais, car avec tout le mal que tu te donnes pour rester « dans le standard « , au bureau, tes seins te trahissent souvent, se dessinent, pointent sous ton chemisier… Et aujourd’hui, en décontracté, je t’ai trouvée sensuelle au possible…
– Oh, mais tu deviens coquine…
– J’ai trop bu, je crois… Ca me donne des pensées…
– Moi aussi, je suis bien avec toi, une amie de longue date comme tu dis… Avec ta gaité, ton sourire, ton aplomb… Je serais capable d’aller n’importe où maintenant, te présenter aux plus hauts acteurs de notre société. Tu fais merveille… Je ne regrette pas d’être venue…
– Merci… Bonne nuit. On ira promener demain matin dans la montagne, et l’après-midi on se fera un SPA ensemble et on ira se reposer près de la cheminée… J’aime le feu de bois que mon père allume systématiquement en soirée, même en été parfois. D’ailleurs on dirait que ça sent la fumée…
On écoute, le silence, je sens une douce odeur de bûches, je les imagine craquant et lançant quelques flammèches bloquées par le pare-étincelles…
Manon se lève sans aucun bruit, ouvre la porte… Le même craquement, les escaliers, puis elle revient…
– Marika, j’avais raison, le feu crépite, ils ont tout éteint, c’est un enchantement… Tu veux voir ? On peut regarder sans descendre, par le bureau…
La fumée me plaît, j’aime son odeur… Dans la nuit presque complète je lui fais confiance, elle me guide par la main…
Nous pénétrons dans une pièce aux senteurs subtiles, de bois, de papier, des livres alignés sur des rayons… Une porte-fenêtre intérieure donne sur une mezzanine qui domine le salon… On se glisse lentement, mais la mezzanine nous cache l’âtre…
Elle ouvre, se glisse la première. La mezzanine comporte un meuble campagnard, rustique, confiturier, le balcon large d’un plus d’un mètre en lattes de bois sculptées est décoré de dessins simples, coeurs, sapins, cerfs, fleurs, plantes, symbolisés. Joli…
Un rai de lumière danse sur le mur en face, reflété sans doute par une glace…
On perçoit le crépitement du bois, puis un autre bruit. A quatre pattes, nous nous dirigeons vers le fond du salon, en-dessus de la cheminée.
Le bruit sourd s’amplifie… C’est un fond de musique très faible… On reste là, sur le plancher de lattes… Une voix…
Instinctivement, nos yeux cherchent la source… Sous nous !…
Les lattes du plancher ne joignent pas, à l’ancienne, comme celui d’un balcon servant à sécher des récoltes ou d’autres produits de la ferme…
La musique se calme, s’en va… Laissant place à un autre son, plus doux, plus profond…
Un gémissement langoureux, un feulement qui s’amplifie, qui devient râle, qui se réverbère sous la voute du plafond, nous revient…
Nous regardons, penchées sur les lattes… Nous distinguons deux corps enlacés, le femme écartelée, puis la tête qui, entre ses cuisses savoure son intimité… Elle semble atteindre un palier, celui d’un plaisir certain… Elle s’abandonne, relevant ses cuisses et s’offre clairement à son compagnon…
Je regarde Manon, hypnotisée par ce quelle voit… La tête tournée pour avoir les yeux dans les interstices. Son peignoir est ouvert, j’aperçois ses seins dodeliner, suivant ses mouvements. Les mains posées doigts écartés sur le plancher, les fesses relevées… Je suis dans la même posture…
Elle feule son plaisir maintenant, il vient de la prendre et la possède tendrement…
Son visage respire le bonheur, je ne vois rien de lui, sinon ses fesses qui ondulent au rythme de leur plaisir…
Manon, tourne la tête vers moi, elle recule, je la suis, nous revenons doucement dans la chambre…
– Je…
– Je sais, nous ne sommes pas des voyeuses…
– Non… Je les ai souvent entendus chez nous, en ville… C’est la première fois que j’ai les images…
– C’est naturel, tes deux parents s’aiment, font l’amour, jouissent, c’est la vie, leur libido, leur intimité… Tu n’as ni à en avoir honte de les avoir vus, ni de les entendre parfois…
– Oui… Mais…
– Quoi ?
– Mon ventre me fait mal, mon sexe coule, je…
– Ah, je vois, tu te dis que c’est mal, que tu ressens leur amour, que tu en as envie aussi… Ca te fait peur. Tu n’aimes pas te masturber en pensant à eux…
– Oui… Tu étais pareille ?
– Bien sûr… Ils étaient discrets, mais parfois…
– Et tu te…
– J’en ai eu envie, oui, sans doute… Mais ça passe, on se fixe sur d’autres principes, on évite d’être spectatrice, et puis il n’y a rien de mieux qu’une bonne douche ! Ou de ne pas dormir seule…
– Oui… Aide-moi…
– Viens…
Je n’ai pas réfléchi, c’est sorti comme ça, naturellement… Je l’imagine dans son lit, une main entre ses cuisses, un doigt sur son clitoris, une autre dans sa grotte, trempée, se laissant guider par son instinct, cherchant à éteindre ce désir intense qui gonfle ses seins… Ondulant son bassin, le regard au loin, les yeux fermés, la bouche entrouverte, le souffle court…
Elle traverse la chambre, ouvre mon lit, s’allonge contre moi… Elle est nue… Complètement…
J’étais loin d’imaginer… Ses baisers sont du miel, sa bouche un jardin aux fleurs, subtile, ses lèvres sentent le bonbon, sa langue cherche la mienne…
Elle franchit le seuil, franchit la porte, ma main s’aventure, ses seins sont des calices sur lesquels mes lèvres viennent tempérer son désir, calmant les pointes, les tétins…
Elle attend, ouverte, fiévreuse, de ce premier contact entre nous…
Sa main se pose sur mes seins, ses doigts deviennent de minuscules papillons, glissant et tournoyant… Les effets sont vite là… Je coule de désir à mon tour…
Je ne vois plus que son visage de madone, que ses mains qui guident les miennes… Sur son ventre, sur le mien, entre ses cuisses… Elle se donne, elle me veut !… Elle me caresse, me clitorise, me prend aussi, me pénètre… Je jouis lentement sans faire de vagues, sa main guide ma main, mes doigts sont en elle, savamment plongés dans cette tiédeur irréelle… Une grotte d’amour, de tendresse, instrument de sa libido épanouie, démesurément attisée…
Je la possède, elle jouit, se tord contre moi, se retourne s’écartèle… Elle vise ma bouche, pour que je boive sa source… Elle m’offre sa chatte, embusquée dans un écrin de soie brune… Ma langue glisse, mes doigts écartent les tendres corolles effilées, rouges de désir… J’effleure son bouton, m’y attarde longuement la laissant délirer…
Je lape son calice, elle jouit, pleure de joie, se délecte… Elle ondule sur ma bouche, je la pénètre enfin, deux doigts, lentement, ouvrant ses chairs fragiles, jusqu’au bout… Elle tremble, murmure des mots tendres, des suppliques…
– Oui… Viens… Emporte-moi avec toi…. Donne-moi ce plaisir que j’attendais… Que j’espérais… Je savais que tu étais LA femme… Oui, encore !… Oh, c’est bon…
Elle atteint le paradis, emportée par ses sens émoustillés, cette « première fois nous deux »… J’en jouis !…
Puis elle vient… Petite fée si belle, si émotive, inventive, elle caresse mon corps pendant de longues minutes, découvrant tout de moi, me portant à l’extase, puis revenant encore et encore, comme cette vague si souvent évoquée dans mes souvenirs, sa langue qui m’électrise, qui fouille, qui me fait répondre à ses paroles, disant ma tendresse pour elle, mon plaisir…
Epuisées, enroulées l’une à l’autre, nues au milieu du lit, nos doigts croisés en signe de complicité et de partage, je l’embrasse si tendrement, si profondément qu’elle monte sur moi, écarte ses cuisses, et frotte son pubis au mien, déclenchant une vague torride de plaisir, un orgasme mutuel, partagé, espéré, un acte lesbien intense, un plaisir suprême…
Nous nous endormons ainsi, je pense que je n’avais jamais atteint une telle intensité avec une femme, sans doute sa jeunesse, de voir son plaisir, de le ressentir, et les conditions spéciales de notre abandon…
Le lendemain matin, après une longue douche, vêtues de nuisettes et peignoirs façon grand hôtel, nous descendons dans la cuisine…. En traversant le salon, j’ai un regard amusé vers la cheminée éteinte, quelques picotements dans le ventre…
J’entre à sa suite, elle fait les présentations…
Ambiance émotionnelle, poignées de main, embrassades, les joues un peu rosées pour Papa…
Il ne s’attendait pas à voir sa fille accompagnée d’une femme mature…
J’ai adoré le regard amusé du père, pointant dans l’échancrure de mon peignoir, suivant la courbe de mes hanches, et me saluant d’une poignée de main appuyée, yeux dans mes yeux, en nous donnant rendez-vous pour midi…
– Tu vois, mon père est direct, franc… J’ai vu ce regard, d’abord déstabilisé, puis surpris, et ses yeux dans tes seins, sans gêne… Ma mère, un sourire aux lèvres, car elle savait qui tu étais, mais n’ayant surtout pas prévenu papa façon de se venger de quelque chose… Ou bien…
– Parfait, ils sont beaux, amoureux, agréables, des hôtes comme on les aime, surtout la jeune fille de la maison…
– Allez, habillons-nous, il fait beau, on va monter un peu… Tu as des chaussures ?
– Oui, tu me l’as conseillé…
Je remonte dans la chambre, Manon reste quelques instants seule avec sa mère, quelle nuit… Et quel réveil !
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