Chapitre 3: Une longue nuit
Cela fait déjà un moment que je suis de nouveau seul dans l’obscurité de ce sous sol, attaché à ce si particulier fauteuil. Pourtant je sens mes doigts qui tremblent encore un peu. J’ai peur, le discours de cette femme qui ne s’appelle donc pas Sylvie m’a glacé jusqu’aux os. Deux détails en particulier ne lassent pas de m’inquiéter. Premièrement c’est moi où elle s’est adressée à moi comme à une personne de sexe féminin? Non parce que clairement elle m’a l’air d’être dingue mais quand même là je suis nu donc c’est assez évident de constater que j’appartiens au sexe masculin. Et de deux, elle était tellement calme. Beaucoup trop calme. Comme si elle avait l’habitude de ce genre de situation.
En tous cas habitude ou pas elle sait comment s’y prendre pour restreindre quelqu’un. Je suis parfaitement impuissant et je n’arrive pas à me libérer. Mais le pire c’est que je n’arrive pas à dormir. J’ai encore la tête lourde à cause de sa drogue et surtout j’ai vraiment peur. Que voulait elle dire en prétendant que mon seul pouvoir résidait dans l’acceptation de mon impuissance? Je ne sais pas, je ne parviens pas à comprendre quels sont ses dessins pour moi. Mais il semble évident qu’elle ne me laissera pas récupérer ma liberté de mouvement. J’ai peur qu’elle se lasse bien vite de m’avoir comme prisonnier. Et quand ça sera le cas qu’est ce qui s’offrira à elle comme solution?
Oui bien sûr, me faire disparaître…
Je commence à pleurer. Je ne veux pas mourir. Putain merde c’est pas juste! Pourquoi moi?? Je me débats, tire sur mes liens autant que je le peux mais rien à faire. J’ai l’impression d’entendre des sons dans l’obscurité. Un bruissement ou quelque chose de ce genre. J’en peux plus. Je veux me réveiller, me réveiller dans mon nouveau studio et me préparer pour aller au boulot.
Désespéré comme je suis je me mets même à prier, ou plutôt à supplier pour obtenir un miracle. Je n’ai jamais cru en Dieu. Mais pourtant je ne vois rien d’autre à faire, je ne vois personne d’autre que lui pour me sauver et me sortir des griffes de cette folle.
Mais je cesse d’un coup. Et si elle m’écoutait? Ou pire si je la réveillais? Elle serait sans doute en colère et je préfère ne pas imaginer ce que sa colère pourrait avoir comme conséquence. Même sans bâillon la peur seule suffit donc à me réduire au silence. Je la hais!
Mon épuisement physique et surtout nerveux finit par se faire ressentir. Je ne parviens pas pour autant à réellement m’endormir. Je me sens en danger, le moindre léger bruit me fait me réveiller en sursaut. L’absence de repère temporel me rend fou, impossible de dire depuis combien de temps je suis bloqué ici. Mais il y a pire. Ce qui m’angoisse véritablement c’est qu’elle ne m’a pas dit quand elle comptait redescendre…
Un minute, est ce que j’ai envie qu’elle redescende déjà? Ben oui, il me semble que sinon je vais mourir de faim ou de soif. Mais malgré ça je pense que j’ai vraiment peur de la revoir. Même si les gargouillements de mon estomac commencent à se faire entendre. Et je ne parle pas de la soif, j’ai le palais aussi sec qu’une pierre.
J’ai envie d’aller aux toilettes… Ho non là trop c’est trop… Je fond en larme, je n’en peux plus… Je suis à bout, je ne sais pas depuis combien de temps je me bats et je ne sais pas combien je vais encore rester ici. Mes larmes salés ne m’hydrate même pas. Mes larmes coulent sans interruption sur mon visage. Je pense que je suis en train de vivre le pire moment de ma vie… J’espère que ça sera le dernier…
Soudain mes oreilles m’avertissent, il n’y a plus aucun son perceptible. Un silence de mort vient de s’abattre sur cet endroit. Un silence uniquement troublé par un bruit de pas. Quelqu’un descend les escaliers…
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