Je n’ai pas voulu ajouter aux critiques de mon épouse lorsque notre fils
nous a annonçé qu’il divorçait. Nous savions depuis longtemps que le
couple battait de l’aile. Il était notoire qu’il était cornard et la
risée de tous. Nous souffrions en même temps que lui. Ma femme n’avait
jamais goûté qu’il eût jeté son dévolu sur une telle créature. Son aînée
de cinq ans cette femme avait manifestement vécu et roulé partout sa
bosse. Elle l’avait choisi plutôt que le contraire. Ce jeune homme
frais, nigaud de bonne famille était une proie facile. Pour fuir
notamment une mère envahissante ce fils s’était jeté dans les bras d’une
autre femme d’autorité. Schéma classique.
Je n’étais pas tant sévère. Pour tout dire ma conduite n’avait pas dans
l’affaire été irréprochable. J’avais été frappé le premier jour par la
beauté de cette femme. Elle savait son ascendant sur les hommes. Son
regard et port de reine ne laissaient point de doute là-dessus.
Symétriquement sa supériorité blessait les autres femmes. Elle ajoutait
à cela un certain esprit. Si elle fut sotte un mâle tel que moi se fut
sûrement détourné. La beauté d’un corps ne suffit pas toujours à
attacher. Le feu dans l’œil, un timbre de voix sensuel, impérieux vous
arrêtaient du coup et vous fascinaient de façon mortelle. J’imagine
ainsi le pouvoir de la méduse. Autant que d’autres je n’ai su résister.
Pour la petite histoire à l’époque je dirigeais une PME avant que d’en
laisser les rênes à mon fils. Nous trouvâmes logique d’offrir un poste à
cette épouse d’autant que celle-ci avait fait preuve en son ancienne vie
d’un talent de commerciale. Je compris vite qu’elle en avait tous les
vices. Cynique, elle buvait, fumait et jurait à l’occasion. Je sus plus
tard qu’elle ne dédaignait pas d’user de son charme pour obtenir un gain
de cause ne se contentant pas d’allumer ni de séduire. La rumeur vint de
l’autre commerciale qui n’en pouvait plus que l’autre se vantât et
l’écrasât sous ses succès. Je mis d’abord l’accusation au compte d’une
jalousie de femme et de rivale. Puis un propos équivoque d’un client par
trop satisfait me mit la puce à l’oreille.
En outre je ne marquais pas moins d’intérêt que les autres pour cette
femme insaisissable. Du moins mon désir le concevait ainsi. Sa trop
grande proximité au travail et dans ma famille l’éloignait d’autant
enclenchant en moi une forme de frustration. J’aurais voulu instaurer
une plus grande connivence au lieu qu’elle me marquait plutôt une
déférence ironique. Elle me vouvoyait. J’étais pour elle le patron et
son beau papa. Je devais demeurer sur mon piédestal. D’autres avaient
droit à son enjouement et à ses minauderies. Engoncé dans ce rôle
infligé j’étais le dieu soupirant aux jeux et joies des mortels. Perdu
au ciel j’aurais rêvé me rouler un peu dans la fange avec elle.
En fait je suis sûre qu’à dessein elle se jouait de moi sachant me
subjuguer de cette fausse distance. Je découvris trop tard la rouée
qu’elle était. Mon émoi s’augmentait de toutes les rumeurs. Outre des
clients il était vraisemblable que quelques employés profitassent
d’elle. Vous noterez qu’en cela je n’eus pas un moment de compassion
pour mon fils. Je trouvais presque normal que ce benêt, ce médiocre fut
cocu. Tout gravitait autour de la garce. Mon orbite se trouvant par trop
éloignée de cet astre. En femme avisée elle m’amenait peu à peu au
centre de sa toile. Je tâchais à masquer mon trouble. Cela se traduisit
par une irritation à son égard ce dont fut dupe ma femme.
Cette dernière m’évoquant ces rumeurs, je lui avouais que j’en étais
autant qu’elle chagriné pour notre fils. Je l’assurais que j’enquêterais
pour en avoir le cœur net. Je n’attendis pas longtemps. Le plus choquant
avait été la rumeur que ma bru fricotait avec Salif notre vigile malien.
Il était, il est vrai, assez beau gosse et baraqué pour qu’on n’eût pas
de répugnance pour sa peau d’ébène. Le coquin avait débauché mes
ouvrières et mes secrétaires. Je ne pouvais concevoir que ma belle fille
s’abaissât à les imiter. D’autant que l’étalon noir se vantait
volontiers de ses exploits. Le hasard m’offrit pourtant la preuve que
tout cela n’était pas fumée.
Il était autour de treize heures. J’étais en véhicule stationné près du
tabac où j’avais effectué mon ravitaillement de cigarettes. Je vis dans
le rétro Salif qui faisait le pied de grue, portant à l’oreille son
portable. Rien que d’anodin à part qu’une voiture vint juste à sa
hauteur. Celle-ci était reconnaissable entre toutes, une Austin
flamboyante qui distinguait ma belle fille dans toute la région. Le
couple diabolique était là pris en flagrant délit. Ma curiosité allumée,
je décidais d’entamer la filature. Je n’eus pas à attendre longtemps.
Leur véhicule se rangea en contrebas d’une route près d’un ruisseau. Le
coin était propice aux amants et autres.
Avec force précaution je vins me blottir dans un taillis tout en
surplomb du véhicule. A près de cinq mètres je pouvais voir assez de
choses. Notamment ma belle fille recouvrant de sa chevelure le bassin de
l’homme. Il n’était pas difficile de deviner à quoi elle s’exerçait. La
pipe dura cinq bonnes minutes. J’étais impressionnée par l’ardeur
qu’elle mettait. De toute façon en quelque domaine que ce soit elle ne
faisait jamais les choses à moitié. Peu après l’un l’autre sortirent
pour s’installer plus commodément à l’arrière. La voiture dodelinant je
compris que Salif à son tour entrait en action. Cela dura longtemps pour
que je me lasse. Ma position me disposait à une crampe.
Tout à leur affaire, ils ne me virent guère partir. Je notais cependant
avec quelque étonnement qu’à peu de pas se tenaient débonnaires de vieux
pécheurs lesquels ne pouvaient être dupe des jeux du couple. Il semblait
que cette garce aspirât à ce qu’il y eut du public à sa débauche. Je
rentrais assez furibond que la rumeur fut vraie et que ma belle fille
couchât avec un nègre humiliant par là même mon fils. Au cours de
l’après-midi je la croisais et je la vis atteint du regard de colère que
je dus lui adresser. Nous avions perdu depuis peu un marché. Elle crut
devoir à cela mon hostilité. Cette nuit je fis un cauchemar où ma belle
fille se donnait tour à tour à des noirs et des arabes.
N’en pouvant plus je la convoquais le lendemain aux heures où l’usine se
vidait. Elle crut à un savon quant au marché raté. Pourtant elle y avait
pris part modérément. Elle ne m’en toisa pas moins avec aplomb. Au bout
d’une minute je dus baisser les yeux. Son regard gris clair était
insoutenable. Je découvris qu’elle n’avait jamais été aussi belle. Je
comprenais que nombre d’hommes se damna pour elle. J’étais du nombre.
J’étais juste mortifié qu’elle en préféra d’autres dont ce nègre. En un
moment d’égarement je crus devoir porter le fer. Je lançais : »Je sais
pour Salif. Ce n’est pas tant pour mon fils que pour la réputation de la
famille ». Je rougis trop tard à ce propos. Elle demeurait impavide.
Elle parla à son tour. « Vous m’avez fait venir pour cela ? J’escomptais
parler boulot. Ne soyons dupes. Je n’ai pas de sentiments pour votre
fils. Soyez assuré que je serais une mère pour vos petits enfants. Ne
m’en demandez pas davantage. » C’était débité sur un ton glacial et de
mépris. On aurait crû que le coupable c’était moi qui s’immisçait dans
sa vie privée et sexuelle. Elle croisât à ce moment ses cuisses assez
haut pour que je vis sa chair blanche affleurer à la naissance du bas.
Le geste était fait à dessein comme pour vérifier une théorie. Celle-ci
établissait que j’étais un porc. Que je n’étais pas moins vicieux et
tordu que les autres dont je lui faisais reproche.
En effet je ne pus réprimer un regard avide sur ses cuisses. J’étais
cent fois malheureux de son mépris. J’étais furieux qu’elle ne me
distinguât pas en prétendant comme les autres. Pourtant elle me savait
mes incartades avec les secrétaires. Il était notoire que j’avais
quelques maîtresses alentour. Bref au contraire du fils je n’étais pas
nigaud. Je revendiquais mon titre et honneur de mâle. Cette fois je
soutins son regard. Le mien proclamait la révolte. Elle sourit et
susurra : « Nous nous égarons. Je suis sure que nous pourrions nous
rabibocher. Savez-vous que j’attends depuis longtemps que vous
m’invitiez à déjeuner. » Je n’avais prévu cette attaque ni sa désinvolture.
Pouvais-je refuser et me maintenir dans ma sainte colère ? Je désarmais.
Penaud je proposais que nous continuions cette conversation dans un
autre contexte en de meilleures dispositions. Toute espiègle, elle se
leva, fit le tour du bureau et m’adressa sur la tempe un baiser mouillé.
Elle dit narquoise : »C’est pour me faire pardonner. » J’étais vaincu ce à
plat de couture. Tout était allé trop vite. Cette garce était une
tornade. Je mis un temps à comprendre qu’elle voulait se mettre dans les
marques des secrétaires que j’emmenais à déjeuner avant de les baiser.
Histoire de me renvoyer tout à mes turpitudes. Décidément je ne la
valais pas au jeu d’échecs.
Nous convînmes de faire cela un vendredi, veille des vacances scolaires.
En accord tacite nous escomptions profiter de l’après-midi pour mieux
nous connaître. Il ne m’échappa pas dès le matin que la chienne avait
adopté son arsenal de guerre : minijupe de cuir, bas et escarpins aux
talons si hauts que la cambrure des reins et le cul du coup en étaient
plus marqués. Les hommes autour pris de vertige s’en retournaient.
Chacun s’interrogeant pour qui la garce avait arboré ces atours
transgressifs. A qui était destiné cette bonne fortune ? J’en concevais
un peu de honte. Je restais ce matin-là terré en mon bureau. Je ne
voulais qu on nous vit ensemble.
Par un bref texto je l’enjoignais de m’attendre au parking du restaurant
que j’avais choisi fort loin. Un instant pris d’un insolite remord je
fus tenté de tout annuler. Bref la garce vit un Don Juan minable sortir
de sa voiture. L’amant Salif avait montré une tout autre superbe.
Songeant cela ce fut un autre motif de dépit. N’étais-je pas trop vieux
pour toutes ses bêtises ? Je concevais que j’avais voulu me mêler à un
jeu d’adultes pour forniquer. N’était-ce pas l’heure de sacrifier à cet
art d’être grand père ? Encore que Victor Hugo se révélât ici un drôle
d’exemple. Je n’en montrais pas moins un visage plus amène.
Je décidais l’enjouement et affectais par tactique l’humilité et le mea
culpa. Il est des fois plus sage de dire la vérité. Je lui avouais que
j’avais été d’abord choqué puis jaloux qu’elle couchât avec mon vigile
noir. Je protestai après qu’elle me soupçonnât raciste. Le champagne
aidant, l’atmosphère se dérida. Je me montrais sous mon meilleur jour.
Je la draguais impunément. Je convins de tout et que notamment mon fils
était nul et ne la méritait pas. Je l’enjoignais cependant à plus de
discrétion et de discernement dans le choix de ses amants. Elle éclata
de rire. Elle me dit mi-sérieuse qu’elle ferait du mieux. Enfin elle eut
droit à l’aveu qu’elle me plaisait.
Elle sourit. Son sourire signifiait simplement qu’elle savait cela
depuis longtemps. Tel un verdict, elle asséna : »J’attendais depuis
longtemps que vous vous déclariez. Moi même j’en avais fort envie. » La
garce savait flatter. Elle vous enrobait cela d’un tournemain. Je lui
fis du pied sous la table. Je mesurais ce qu’avait de vulgaire un tel
geste mais je voulais l’éprouver. Sans se démonter elle m’infligea la
remarque humiliante que des clients lui faisaient de même. Elle me
signifiait par là que je n’étais guère original et que d’autres pour
moins que cela était parvenu à la sauter. Elle me ramenait à la cruelle
vérité de n’être qu’un parmi les autres. Être beau père ne me donnait
nul privilège.
La rage revint. Mon ciel bleu s’entachait de nuages noirs. Je voulais
plus que jamais lui faire son affaire. Faisant mine d’examiner ma
montre, je lui lançais que nous prendrions ma voiture pour aller boire
un verre en un coin plus charmant. Elle sut que là-bas nous attendait un
lit. Nous n’eûmes pas fait cent mètres dans le parking que je l’enlaçais
et lui pelotais le cul. Elle abandonna tout vouvoiement. Je vis percer
dans sa voix son vulgaire personnage : » Tu perds pas ton temps, toi.
T’as vraiment envie de me sauter ! » Dans la voiture je l’embrassais sans
retenue. Le porc que j’étais se livrait. J’avais autant de considération
que si elle avait été une pute. Elle n’en parut point choquée.
Au creux d’un chemin plus loin elle me prodigua une première pipe me
confirmant l’intuition de son talent. Je me demandais si elle avait des
fois gratifié mon fils du même cadeau. Ouvrant ses cuisses je vis que la
culotte était claire en fait des plus transparentes. Je frémis que
nombre d’hommes put s’en délecter pour peu que la chienne se baissât ou
écarta les cuisses. Cette femme était une bombe à retardement. Sur son
chemin gisait nombre de cadavres de ses amants. en sorte de femme
religieuse elle allait me faire la peau. Ce fut en effet torride dans la
chambre. Elle me déshabilla. elle m’abjura comme par défi que je devais
faire mieux que Salif. Je fis au mieux.
A quarante ans elle affichait un corps magnifique. J’étais convoqué à un
festin somptueux. Avec mes soixante balais je pense ce jour-là n’avoir
pas démérité. Je ne faisais pas de footing en vain. Je soutins l’effort.
Elle ne parvint pas à m’épuiser. J’étais endurant et savait maîtriser
les éjaculations. Bref la garce fut sautée. Je goûtais qu’elle se prêta
volontiers à la sodomie, péché des vieux cochons. Elle parut contente.
Riant elle concéda : « Papy t’es un bon coup. » Nous convînmes de
recommencer d’autres fois. Les vendredis lui convenaient. Elle fut mon
amante durant deux ans. Ayant part à un espace de sa vie je me
rassérénais et devins pour elle comme un ami et confident. Bref je ne
fus pas peu chagriné du divorce et qu’elle partit avec un autre homme.
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